Enseigne de pèlerinage en plomb

Une enseigne de pèlerinage en plomb a été découverte lors de la fouille de l’un des bâtiments du village fortifié du Mas de Roux, daté des années 1160 à 1250. 
Pour le pèlerin qui la portait, cousue sur ses vêtements, cette enseigne de pèlerinage constituait non seulement un souvenir, mais aussi la preuve de son voyage.
Mas de Roux, Castries (Hérault), 2012-2013.
© Materia Viva, Inrap.
Cet objet circulaire, d’un diamètre de 4,3 cm, était destiné à être cousu sur un vêtement en souvenir du pèlerinage. Il possède deux petits anneaux de suspension dans sa partie supérieure et son revers est lisse. À l’avers, le décor se compose d’un médaillon central entouré d’une légende en latin. Saint Pierre, reconnaissable aux clés qu’il tient dans sa main gauche, est représenté de face et souriant au centre du médaillon. Sa tête est auréolée. Il porte une toge au drapé complexe. De sa main droite il bénit un pèlerin, que l’on aperçoit de profil, agenouillé, les mains jointes tendues vers le saint.

La légende débute au-dessus de la tête de saint Pierre par une croix pattée entourée, comme chacun des cinq mots du texte, de signes de séparation composés de trois points superposés. Le texte « SIGILLUM S[AN]C[T]I PETRI DE LESANO » peut être transcrit par « le sceau de Saint-Pierre de Lesano ». Le tracé est irrégulier, les dernières lettres étant bien plus larges que les premières. 

Le rare témoin d’un pèlerinage oublié

L’enseigne renvoie à un pèlerinage méconnu à Saint-Pierre de Lézan, une localité située près d’Anduze, c’est-à-dire à 40 km au nord du Mas de Roux. Deux autres enseignes illustrant ce pèlerinage ont été découvertes, l’une à Arles, dans les eaux du Rhône, et l’autre en Avignon. Celles-ci sont rectangulaires, légèrement arrondies au sommet. Elles représentent la même scène et portent une légende analogue : « S[IGNUM] BEATI PETRI DE LEZANO ».   

Avec l’église romane de Saint-Pierre de Lézan, partiellement détruite lors des guerres de Religions, ces trois enseignes constituent les seuls témoignages matériels d’un des nombreux petits pèlerinages médiévaux aujourd’hui oubliés.   

Mathieu Ott