Vue aérienne du site à l'issue de la première phase de décapage.
Maillé, Villiers, La Roche (Indre-et-Loire), 2012.
© Inrap, GRTgaz
Maillé, Villiers, La Roche (Indre-et-Loire), 2012.
© Inrap, GRTgaz
Description
La fouille réalisée aux lieux-dits Villiers et La Roche, sur la commune de Maillé, s'est déroulée en 2012, sur une surface de 7,4 ha. Ce versant nord du ruisseau du Réveillon, en rive droite de la Vienne, est occupé depuis le Néolithique et plus de 3 000 structures archéologiques ont été relevées lors de la fouille.Résultats
Les prémices de l'occupationLes premières traces de fréquentation humaine de ce versant nord de la Vienne remontent au Néolithique, illustrées par quelques pièces lithiques résiduelles. À l'âge du Bronze et dans la première moitié de l'âge du Fer, l'occupation est encore très diffuse, marquée toutefois par la présence de fosses dans lesquelles des mobiliers ont été rejetés, voire déposés intentionnellement.
Des établissements agricoles gaulois et antiques
Plusieurs siècles plus tard, à la fin du second âge du Fer, l'occupation gauloise se développe principalement au sud de la fouille. Il s'agit d'un réseau fossoyé peu étendu, mais relativement bien structuré. Les vestiges semblent délimiter des parcelles à vocation agricole (stockage) et résidentielle. L'entretien régulier des fossés, par curage, indique la présence d'une communauté certainement pérenne.
Un mobilier abondant a été retrouvé (céramique et faune). Il témoigne de la proximité de l'habitat et permet de dater cette occupation entre 80 et 30 avant notre ère. L'occupation antique, des IIe et IIIe siècles de notre ère, se retrouve en partie au-dessus de celle du second âge du Fer.
Les vestiges sont fortement arasés, comme en témoignent les rares maçonneries mises au jour. Un enclos maçonné délimite un espace où se trouvent de nombreuses fosses et deux celliers. Le mobilier retrouvé est composé de fragments de céramiques sigillées, d'amphores, d'enduits peints, de meules, et de nombreux moellons calcaires. Il caractérise un établissement agricole antique d'une certaine importance. L'établissement perdure jusqu'au IVe siècle, mais son déclin s'est probablement amorcé avant.
L'occupation agricole du début du Moyen Âge
Les vestiges datés du premier Moyen Âge, entre les Ve et VIIe siècles, s'inscrivent dans la continuité de l'occupation antique et s'organisent en divers pôles d'activités. Quatre inhumations complètent l'occupation du secteur sud, dont celle d'un couple, en périphérie de l'habitat.
L'essor agricole au Moyen Âge
La période qui s'étend entre le VIIIe et la seconde moitié du XIe siècle est marquée par une intensification de l'occupation du versant. Les unités d'habitat sont très structurées et organisées le long de chemins. Centrées autour d'une cour avec un puits, les maisons sont construites sur poteaux de bois. Et, au-delà de la cour, des espaces bien délimités sont réservés aux structures de stockage (silos, celliers, fosses-coffres). Une différence de statut entre les différentes unités d'habitat apparait dès cette période. La structuration rigoureuse de l'établissement situé en position dominante sur le versant, autour d'une cour centrale, la gestion planifiée des espaces et la faible quantité de mobilier retrouvé (gestion des déchets) sont autant d'arguments pour identifier une population bénéficiant d'une situation sociale privilégiée.
Cette situation se confirme aux siècles suivants jusqu'au XVe siècle. Alors que la majorité des unités d'habitat disparaissent dès le XIIe siècle, l'occupation se densifie sur le haut du versant. Des bâtiments maçonnés sont construits, et plusieurs souterrains sont creusés, probablement pour assurer la protection des récoltes, voire des populations en temps de crise.
Abandon du site médiéval
Le XVe siècle est marqué par l'abandon des unités d'habitat qui persistaient. L'occupation en haut du versant est abandonnée suite à l'affaissement du plafond d'une salle souterraine qui intervient probablement entre la fin du XIVe et le début du XVe siècle. Cet événement entraîne probablement un déplacement de l'habitat vers le site de l'actuelle ferme de la Roche Ramée, à environ 300 m à l'est, dont les premières mentions écrites sont attestées dès 1408. Au sud, le même phénomène d'effondrement a probablement contraint les occupants d'une autre unité d'habitat à quitter leur lieu de résidence pour un nouveau. Si le site ne constitue plus un espace résidentiel au cours du XVe siècle, les rares aménagements identifiés témoignent toutefois d'une persistance de la fréquentation des lieux à cette époque.