Les tracés
Cet atlas interactif vous invite à découvrir les résultats des recherches menées par les archéologues de l’Inrap sur les tracés de deux très importantes infrastructures de transport dans la région du Languedoc : le Contournement ferroviaire de Nîmes et Montpellier et le déplacement de l’autoroute A9 à Montpellier, aménagés simultanément.
Les aménagements
Le Contournement ferroviaire de Nîmes et Montpellier (CNM) est un aménagement mixte (fret et voyageurs) de 80 km. Reliant Paris à Montpellier en moins de 3 heures, c’est un maillon supplémentaire dans la liaison ferroviaire à grande vitesse qui devrait raccorder à terme Paris à Barcelone. Le maître d’ouvrage de cet aménagement est la société Oc’Via, agissant dans le cadre d’un contrat de partenariat public privé avec SNCF réseau.
Le déplacement de l’autoroute A9 à Montpellier (DA9M) est l’aménagement d’une nouvelle autoroute de 25 km, qui vise à fluidifier l’intense trafic routier aux abords de l’agglomération en séparant les deux types de circulation, locale et de transit. Vinci Autoroutes, réseau ASF, est le maître d'ouvrage de cet aménagement.
Ces deux infrastructures ferroviaire et autoroutière seront mises en service en 2017.
Entre Gard et Hérault, un paysage et un contexte archéologique variés
Les deux tracés linéaires, impactant une superficie d’environ 1 200 hectares, traversent, entre Gard et Hérault, des unités paysagères et géomorphologiques différentes. Certaines ont été peu explorées jusqu’alors par l’archéologie comme, dans le Gard, les terrasses rhodaniennes à galets des Costières et la plaine alluviale de la Petite Camargue entre Vistre et Vidourle, ou, dans l’Hérault, la plaine littorale de Mauguio. À l’inverse, d’autres zones sont riches d’importants corpus de données archéologiques collectées au fil des trente dernières années grâce aux prospections, fouilles programmées et opérations d’archéologie préventive telles celles menées dans la dépression de la Vistrenque parcourue par le Vistre, à proximité de Nîmes (Gard), ou dans la plaine littorale et le delta du Lez entre Montpellier et Lattes, ainsi que sur les coteaux calcaires du Lunellois (Hérault).
300 000 ans d’histoire revisitée…
Les diagnostics conduits sur les deux fuseaux entre 2008 et 2014 ont révélé une centaine de sites couvrant plusieurs périodes, du Paléolithique ancien à la fin du Moyen Âge. Une importante étude transversale a été conduite lors de cette phase sur la restitution des écosystèmes à l’échelle du territoire traversé. Ainsi, par exemple, l’étude de la dynamique des petits fleuves côtiers (le Bérange, la Cadoule) ou la reconnaissance de nouvelles formes périglaciaires sur les terrasses des Costières du Gard constituent autant d’indications nouvelles sur le climat, l’évolution des paysages, la conservation des vestiges et l’adaptation de l’homme à son environnement.
28 sites archéologiques, dont 18 localisés sur le CNM, 7 sur le DA9M et 3 communs aux deux tracés, ont fait l’objet d’une fouille préventive extensive entre septembre 2012 et juillet 2014, mobilisant au total 170 archéologues. 32,4 hectares ont été décapés dans 14 communes : 6 dans le Gard (Saint-Gervasy, Redessan, Nîmes, Vergèze, Codognan et Aimargues) et 8 dans l’Hérault (Lunel-Viel, Mudaison, Saint-Brès, Castries, Baillargues, Mauguio, Montpellier et Lattes).
Ces fouilles ont révélé des vestiges couvrant toute l’histoire humaine du Languedoc oriental et renouvelant en profondeur les connaissances acquises. Denrée précieuse par sa rareté, un site du Paléolithique inférieur a été fouillé près de Nîmes. La période néolithique a été considérablement enrichie par la fouille d’une quinzaine de sites illustrant la précocité de l’impact anthropique ainsi que la densité des occupations humaines. La diversité des pratiques funéraires a été particulièrement renseignée pour cette période et également pour la Protohistoire avec plusieurs riches ensembles funéraires. Une dizaine de fouilles a permis d’ouvrir une nouvelle fenêtre d’étude sur l’aménagement et l’économie de la campagne à l’époque romaine. Pour le Moyen Âge, d’importantes découvertes ont renouvelé toute l’histoire de l’habitat rural méridional, de l’exploitation agricole au village fortifié.
… et partagée
Les opérations d’archéologie préventive ont matérialisé, aux yeux de la population locale, le début de ces grands travaux d’aménagement. Dès le démarrage, de nombreuses actions de valorisation et de diffusion ont été conduites, en concertation avec le Service régional de l’archéologie et les maîtres d’ouvrages.
Les chantiers de fouille ont été ouverts à la visite : près de 3 500 visiteurs et plus de 200 enfants scolarisés dans les communes traversées ont été accueillis. Associations locales d’amateurs du patrimoine, élus, journalistes, collaborateurs des aménageurs ont, eux-aussi, bénéficié de visites spécifiques.
En 2015 et 2016, le public a continué de suivre l’avancée des recherches menées à l’issue des chantiers, avec la tenue de conférences ou d’expositions dans des communes ainsi que dans les gares de Nîmes et Montpellier. En 2017, le site archéologique Lattara - musée Henri Prades, à Lattes, organise l’exposition « Circulez, y a tout à voir ! », consacrée aux découvertes réalisées sur ces deux grands tracés.