
Décapage du tronçon de voie antique dans le secteur de Doulouzargues.
Doulouzargues, Codognan (Gard), 2013.
© Drone Concept, Inrap.
Description
Entre 2011 et 2013, différents diagnostics opérés sur la commune de Codognan, au lieu-dit Doulouzargues, avaient mis en évidence plusieurs pôles doccupation humaine datés entre le Néolithique et le Moyen Âge. La fouille menée fin 2013 a préférentiellement concerné, sur une surface de 1,3 hectares, des vestiges du Néolithique, de lâge du Fer, et un axe de circulation antique.Résultats
Des fosses néolithiques et protohistoriquesLes plus anciens témoins de la présence humaine remontent au Néolithique moyen. Plusieurs creusements, dont la plupart sapparente à des silos destinés au stockage de céréales, ont en effet tardivement servi de dépotoirs. Au sein des couches de rejets de consommation quils contenaient, la céramique modelée à la main est lélément le plus souvent retrouvé. Quelques pièces en silex, des os danimaux ainsi que des céréales carbonisées ont aussi été recueillis, permettant dimaginer les productions artisanales et agricoles. Tous ces vestiges suggèrent un mode de vie surtout fondé sur lagriculture et lélevage.
Des structures en creux du même type peuvent être datées du début du premier âge du Fer. Elles dessinent de petits ensembles, probablement liés à des installations agricoles espacées les unes des autres. Ces ensembles se composent pour lessentiel de fosses dextraction de matériau, qui laissent imaginer la construction de bâtiments en terre à proximité. Là encore, cest la céramique qui permet davancer une datation pour cette occupation. La localisation géographique de ces découvertes est intéressante, car elles prennent place dans les espaces intercalaires entre les sites mieux connus installés sur les collines calcaires des garrigues et ceux mis au jour en bordure des lagunes.
Après un hiatus doccupation important, un petit groupe humain, probablement une cellule familiale, réinvestit les lieux au milieu du IIIe siècle avant notre ère. En témoigne un ensemble de fosses, parmi lesquelles la plus grande pourrait avoir accueilli un atelier lié à la confection de céramique. Une petite fosse voisine contenait probablement la réserve de calcite destinée à « dégraisser » largile, tandis que trois autres devaient servir à la faire décanter avant son utilisation pour la confection des vases. Ces structures perdent leur fonction dorigine et servent de dépotoir.
Létude de ce type doccupation, très rare en plaine, est essentielle pour comprendre les activités qui se déroulaient à la périphérie des oppidums. Ici tous les indices poussent à estimer que lactivité artisanale en question était essentiellement dédiée à la production de céramique non tournée. Malheureusement, en labsence de structures de cuisson avérées, il est impossible de valider totalement cette hypothèse. Il est à noter que cette occupation est contemporaine et toute proche des sépultures mises au jour à Vergèze sur le site de Saint-Pastour nord.
Un tronçon de voie antique
Enfin, la fouille dun tronçon de voie, orienté nord-sud et repris par lactuelle route départementale reliant Vergèze au Cailar, a mis en évidence les étapes de son fonctionnement, dont lorigine se situe au IIe siècle avant notre ère. La voie se matérialise par des réseaux de fossés bordiers, dont les curages et creusements témoignent dun entretien régulier. Dans la partie nord du décapage, les bandes de roulement sont mieux conservées et il a été possible de distinguer plusieurs phases daménagement ainsi que de nombreuses ornières. Un passage au détecteur à métaux a permis une collecte intéressante dobjets appartenant aux équipements des charrettes et des montures. Trois belles monnaies découvertes dans les couches les plus récentes fournissent des éléments de chronologie pour dater les derniers moments de la voie au IIe siècle de notre ère.
Pierre Séjalon
Pierre Séjalon