La ville

De Vesontio à Besançon, 20 ans d’archéologie préventive

Besançon est l’une des plus anciennes villes de France. Elle s’est développée à l’abri d’un méandre du Doubs fermé par un anticlinal rocheux, à la jonction des pays rhénan et rhodanien, sur le passage des voies qui, à travers le massif jurassien, relient les plateaux suisses et l’Italie du Nord au Bassin parisien. Son cadre géographique et sa topographie ont joué un rôle déterminant pour l’implantation et la continuité de l’occupation humaine ainsi que pour son développement en centre urbain important.

Si la description que César en a donné dans La Guerre des Gaules l’a fait entrer précocement dans l’histoire, les découvertes archéologiques de ces quarante dernières années montrent que les premières occupations du site et le développement de la ville sont beaucoup plus anciens. Des outils datés du Paléolithique moyen découverts dans une grotte située au sud de la ville constituent les plus anciennes traces de la présence humaine dans ce secteur de la vallée du Doubs. Si les sites de hauteur environnants continuent à être fréquentés durant les périodes suivantes, des concentrations de silex ont permis de montrer l’existence d’habitats ouverts dans la plaine alluviale dès le Néolithique, puis d’habitats structurés dans un espace défriché dès l’âge du Bronze, entre le IXe et le VIIe siècle avant notre ère.  

À la fin de la Protohistoire, durant La Tène finale, sans que l’on sache exactement par quel processus, « Vesontio » s’impose comme l’oppidum du peuple des Séquanes. Ce centre économique et politique bénéficie du système défensif naturel que constitue le méandre du Doubs, doublé d’une fortification et barré au sud-est par un éperon rocheux qui le domine de 100 m. Cette topographie si particulière ne fige cependant pas l’extension de la ville, qui, durant l’Antiquité, se prolonge au nord-ouest, de l’autre côté du Doubs, dans le prolongement du cardo. L’aspect actuel du centre historique, qui s’étend de part et d’autre de la Grande Rue et au débouché du pont, prend son origine dans l’implantation du cardo antique reliant le pont à l’acropole rocheuse, ponctué d’édifices religieux fondés dès le Bas-Empire et durant le haut Moyen Âge. Quelques monuments emblématiques hérités de ce riche passé sont encore conservés : l’arc triomphal antique dit « Porte Noire », la cathédrale Saint-Jean, le palais Granvelle, la Citadelle et le réseau fortifié que l’on doit à l’ingénieur Vauban.
Restitution virtuelle d'un parcours dans Besançon antique

© Presses universitaires de franche-Comté, 2006
Le territoire communal compte environ 200 sites ayant fait l’objet de découvertes archéologiques, dont certaines ont été répertoriées dès le XVIIe siècle. Des opérations de fouilles ou de surveillance de travaux ont été réalisées dès le XIXe siècle (amphithéâtre, hémicycle du square Castan, domus de la Banque de France…). Leur nombre s’est développé en partie avec la mise en place des Directions des antiquités historiques et préhistoriques, mais surtout grâce à l’archéologie de sauvetage. Pratiquée dans l’urgence, au cours de travaux d’aménagements, cette dernière est à l’origine de fouilles comme celles de l’amphithéâtre, des thermes de la place de la Révolution, de la domus de la Faculté des Lettres, des occupations antiques et protohistoriques de la rue Sarrail et de l’abbaye Saint-Paul, des vestiges protohistoriques et médiévaux de la rue Ronchaux. Depuis une trentaine d’années, un nouveau dispositif législatif a permis d’assurer un suivi systématique des travaux d’aménagement urbain par le Service régional de l’archéologie (SRA). L’Afan puis l’Inrap ont ainsi réalisé un nombre important d’interventions sur la commune, qui ont permis de renouveler la connaissance de la ville. Depuis 2009, les diagnostics et les fouilles prescrits à Besançon sont pris en charge par le nouveau Service archéologique municipal, avec la collaboration régulière de l’Inrap et celle, ponctuelle, des chercheurs des Universités de Besançon et Strasbourg et des Unités mixtes de recherche (UMR) du CNRS. Par la richesse et l’ancienneté de la recherche archéologique, Besançon se place aujourd’hui parmi les sites urbains les mieux étudiés.  

La sélection de sites présentée dans ce dossier illustre les recherches archéologiques préventives menées ces vingt dernières années.