
© Denis Gliksman, Inrap
Description
À l'occasion de la construction d'un lotissement à Propriano (Corse du Sud) par le groupe Limat promotion immobilière, les archéologues de l'Inrap viennent de mettre au jour, sur prescription de l'État (Drac Corse), un édifice antique, un ensemble d'églises et une nécropole. Devant l'intérêt scientifique de ces découvertes, une prolongation des fouilles a été financée par la Drac Corse.Résultats
Une possible villaUn ensemble de murs et un bâtiment circulaire de 6,50 m de diamètre intérieur appartiennent à un premier état, correspondant peut-être à une villa romaine. Deux petits groupes de tombes à inhumation, situés à quelques mètres vers l'ouest et vers le nord peuvent y être associés. C'est sur les ruines de cette construction qu'ont été édifiés les premiers édifices de culte chrétien.
Les églises
Les archéologues de l'Inrap ont dégagé deux églises successives emboitées. La plus récente, probablement du début du second Moyen Âge, conservée sur plus d'un mètre de haut, présente une nef de 11 m sur 5,60 m prolongée au sud-est par une abside. Cette chapelle a été édifiée sur les ruines d'une église antérieure, actuellement attribuée au VIe ou VIIe siècle de notre ère. Cette première église est plus vaste – 16 m de long et 8,50 m de large – et l'essentiel de ses aménagements liturgiques a été conservé de manière exceptionnelle. Ainsi, le sol maçonné du cœur, la base d'un autel maçonné et une cathèdre au centre d' une banquette destinée au clergé, adossée à l'abside, sont encore visibles. Dans la nef, deux murets parallèles ont également été dégagés et semblent délimiter un couloir axial menant au cœur, Au nord, une petite pièce, détruite par un incendie, est reliée à la chapelle par un escalier aménagé dans l'épaisseur de son mur.
Enfin à l'ouest, la construction récente d'un hangar a détruit partiellement un troisième bâtiment à abside, dont on distingue les murs de la nef et peut-être le négatif d'une base d'autel.
La nécropole
Elle se compose de 72 sépultures, le plus souvent sous bâtières de tuiles, parfois en coffre de pierres ou de briques pour les adultes, en amphore cylindrique d'origine africaine pour les enfants. Ces sépultures en amphore sont nombreuses et parfois associées à une tombe en bâtière. Les dépôts d'offrande se composent de quelques flacons de verre et de monnaies, pour la plupart attribuable aux IVe et Ve siècles de notre ère. La dernière phase d'utilisation de cette zone funéraire est documentée par un ensemble de sépultures en pleine terre ou en cercueils disparus.
Redécouvrir l'histoire de Propriano
Les églises de Propriano sont probablement tombées dans un oubli total dès le Moyen Âge et même la toponymie n'en garde pas de trace. Aucune mention n'est faite d'une agglomération ou d'un port à cet endroit sur la carte antique de Ptolémée, ni sur celle d'Antonio Magnani, antérieure à 1536. Il faudra attendre 1860, pour que ce simple hameau de pêcheurs dépendant de Fozzano, devienne une commune à part entière.