La ville
Rennes, première ville de la région Bretagne après avoir été chef-lieu de la cité des Riédons sous le nom de Condate puis capitale de duché, est située à la confluence de l’Ille et de la Vilaine.Tous les témoignages archéologiques rassemblés à ce jour semblent indiquer qu’avant la création de la ville romaine, les hommes n’ont été présents le long des berges de ces deux cours d’eau que sous la forme d’occupations sporadiques.
Une création gallo-romaine à la destinée pérenne
La ville capitale du peuple des Riédons évoqués par César dans la Guerre des Gaules – s’il en existait bien une – n'était donc pas implantée à cet endroit. C’est après la conquête, au moment de l’organisation administrative de la Gaule chevelue par Auguste, qu’il faut situer la genèse de la ville actuelle. Le judicieux choix topographique du lieu – au centre d’un riche terroir agricole, le Bassin rennais, à la confluence de deux cours d’eau et probablement à l’emplacement d’un carrefour de voies de circulation protohistoriques – a permis le développement d’un urbanisme à la romaine digne de la fonction de chef-lieu de cité alors exercée par l’agglomération.
À la différence de certains autres chefs-lieux armoricains qui tomberont dans l’oubli, tels que Vorgium (Carhaix) ou Fanum Martis (Corseul), la ville, devenue évêché et ville comtale dès le haut Moyen Âge, verra son statut pérennisé et même renforcé, car Rennes sera l’une des capitales du duché. Condate, ensuite appelée Civitas Riedonum puis Redonas à l’Antiquité tardive, apparaît comme Rednes au XIe siècle sur la tapisserie de Bayeux. L’actuel nom de Rennes rappelle finalement que cette ville fut toujours celle des Riédons !
À la différence de certains autres chefs-lieux armoricains qui tomberont dans l’oubli, tels que Vorgium (Carhaix) ou Fanum Martis (Corseul), la ville, devenue évêché et ville comtale dès le haut Moyen Âge, verra son statut pérennisé et même renforcé, car Rennes sera l’une des capitales du duché. Condate, ensuite appelée Civitas Riedonum puis Redonas à l’Antiquité tardive, apparaît comme Rednes au XIe siècle sur la tapisserie de Bayeux. L’actuel nom de Rennes rappelle finalement que cette ville fut toujours celle des Riédons !
Sous l’Ancien Régime, après l’union de la Bretagne à la France, la cité n’est plus qu’une grande ville provinciale où l’on bat quand même la monnaie. Avec l’installation du Parlement de Bretagne à Rennes au XVIe siècle, puis la construction du palais du Parlement au XVIIe siècle, elle retrouve un statut de capitale régionale.
Victime d’un terrible incendie en 1720, la ville, jusqu’alors surtout faite de terre et de bois, est partiellement reconstruite en pierre (granit et tuffeau). Ce secteur constitue aujourd’hui le centre historique.
Victime d’un terrible incendie en 1720, la ville, jusqu’alors surtout faite de terre et de bois, est partiellement reconstruite en pierre (granit et tuffeau). Ce secteur constitue aujourd’hui le centre historique.
Le roman de l'archéologie rennaise
Les premières mentions à caractère archéologique concernant la ville remontent au début du XVIIIe siècle. Elles sont dues à Christophe-Paul de Robien, président du Parlement de Bretagne. Sa Description historique topographique et naturelle de l’ancienne Armorique évoque monuments, vestiges et découvertes, mais ses interprétations sont souvent erronées.
La Société archéologique d’Ille-et-Vilaine est fondée en 1844. Ses membres sont à l’affût de la moindre découverte, qu’ils s’empressent de venir exhiber lors des séances. Mais les procès-verbaux de ces dernières mettent surtout en exergue l’abondante moisson de mobilier archéologique ; ils permettent aussi de prendre conscience de l’ampleur des destructions de vestiges qui ont eu lieu à cette époque.
Adolphe Toulmouche, médecin passionné d’archéologie, et Lucien Decombe, directeur du tout récent Musée archéologique municipal, publient de remarquables inventaires consacrés aux objets mis au jour dans la ville : le premier en 1846, lors de la canalisation de la Vilaine, et le second en 1882, à propos du trésor du jardin de la préfecture. Mais si tous deux décrivent précisément, voire illustrent, les vestiges eux-mêmes, ils n’accordent que peu d’attention au contexte de leur découverte, autrement dit au site.
La Société archéologique d’Ille-et-Vilaine est fondée en 1844. Ses membres sont à l’affût de la moindre découverte, qu’ils s’empressent de venir exhiber lors des séances. Mais les procès-verbaux de ces dernières mettent surtout en exergue l’abondante moisson de mobilier archéologique ; ils permettent aussi de prendre conscience de l’ampleur des destructions de vestiges qui ont eu lieu à cette époque.
Adolphe Toulmouche, médecin passionné d’archéologie, et Lucien Decombe, directeur du tout récent Musée archéologique municipal, publient de remarquables inventaires consacrés aux objets mis au jour dans la ville : le premier en 1846, lors de la canalisation de la Vilaine, et le second en 1882, à propos du trésor du jardin de la préfecture. Mais si tous deux décrivent précisément, voire illustrent, les vestiges eux-mêmes, ils n’accordent que peu d’attention au contexte de leur découverte, autrement dit au site.
Les précurseurs de l'archéologie de sauvetage
C’est sous l'impulsion de Pierre Merlat, professeur d'histoire ancienne à la faculté de Rennes, puis en charge de la Ve circonscription archéologique à partir de 1952, que le dossier rennais, va à nouveau progresser. Une portion de la muraille gallo-romaine, quai Dugay-Trouin, devant être détruite contre son gré en 1958-1959, Merlat en effectuera ce qu'il convient d’appeler la première fouille de sauvetage rennaise scientifiquement menée.
En cette seconde moitié du XXe siècle, les terrassements entrepris à la hâte occasionnent des pertes irréparables pour la connaissance du passé de la cité. Quai Duguay-Trouin, en 1968-1969, les archéologues ont à peine le temps de prendre quelques clichés et de récupérer les inscriptions et blocs architecturaux remployés dans les fondations de la muraille antique avant qu’une importante section de celle-ci soit à nouveau détruite. Dix ans plus tard, c’est la majeure partie du site d’un vaste édifice thermal du Haut-Empire qui se trouve effacée, rue de Dinan, par le même empressement des terrassiers
En cette seconde moitié du XXe siècle, les terrassements entrepris à la hâte occasionnent des pertes irréparables pour la connaissance du passé de la cité. Quai Duguay-Trouin, en 1968-1969, les archéologues ont à peine le temps de prendre quelques clichés et de récupérer les inscriptions et blocs architecturaux remployés dans les fondations de la muraille antique avant qu’une importante section de celle-ci soit à nouveau détruite. Dix ans plus tard, c’est la majeure partie du site d’un vaste édifice thermal du Haut-Empire qui se trouve effacée, rue de Dinan, par le même empressement des terrassiers
L’archéologie préventive d’aujourd’hui
Depuis les années 1980, on assiste à un essor rapide de l’archéologie de sauvetage qui, petit à petit, se mue en archéologie préventive. Les archéologues peuvent la plupart du temps intervenir en amont des chantiers qui risquent de porter atteinte aux vestiges enfouis.
À Rennes, ce changement de cap est illustré par les premières véritables opérations de fouille préventives menées en milieu urbain et par la mise en place, depuis 1991, d’une équipe d’archéologues professionnels de l’Afan (Association pour les fouilles archéologiques nationales, créée en 1973) devenue Inrap en 2002. Depuis lors, près de 35 000 m² de la ville antique (soit un peu moins de 4 % de sa surface) ont pu être étudiés en détail. Par la force des choses, en raison de l’existence d’un secteur protégé (le centre historique actuel), la ville médiévale est nettement moins bien connue que celle de l’Antiquité.
À Rennes, ce changement de cap est illustré par les premières véritables opérations de fouille préventives menées en milieu urbain et par la mise en place, depuis 1991, d’une équipe d’archéologues professionnels de l’Afan (Association pour les fouilles archéologiques nationales, créée en 1973) devenue Inrap en 2002. Depuis lors, près de 35 000 m² de la ville antique (soit un peu moins de 4 % de sa surface) ont pu être étudiés en détail. Par la force des choses, en raison de l’existence d’un secteur protégé (le centre historique actuel), la ville médiévale est nettement moins bien connue que celle de l’Antiquité.
Cet atlas archéologique relate et expose le fruit du travail de passionnés* : les archéologues bénévoles et érudits d’antan et les chercheurs professionnels d’aujourd’hui, grâce à qui notre passé se dévoile peu à peu.
*via une sélection de sites étudiés par l'Afan et l'Inrap