Synthèses thématiques

Les souterrains médiévaux

Les opérations archéologiques menées sur le tracé de la ligne à grande vitesse Sud-Europe-Atlantique ont été l’occasion d’explorer un grand nombre de souterrains médiévaux.

Dissimulés sous les bâtiments, ces souterrains pouvaient servir au stockage des vivres, à l’image de nos usuelles caves. Mais le tracé sinueux, les angles droits des couloirs, les chatières, les trous de visée, les systèmes complexes de fermeture, dont certaines ne pouvaient sans doute être mises en place que depuis l’intérieur, laissent penser qu’ils ont pu également abriter de façon temporaire quelques personnes, pendant qu’en surface, l’habitation était pillée. Aucun indice archéologique ne permet toutefois d’assurer qu’ils ont eu cette utilisation.

Les fouilles menées sur ces souterrains ont permis de mieux connaître les techniques mises en œuvre pour les creuser. Les traces, relevées sur les parois, permettent d’identifier les outils utilisés : polkas, pics, taillants, chasses.
Des puits d’aération ont probablement également servi à l’évacuation des matériaux extraits. Les souterrains peuvent posséder plusieurs entrées. À Cressac-Saint-Genis, une des deux entrées était associée à un escalier taillé dans le calcaire. Les souterrains de Maillé présentent aussi plusieurs escaliers.
Les galeries sinueuses, dans lesquelles la circulation était entravée par des angles droits, des chatières, des espaces resserrés, où un homme ne pouvait se tenir debout, reliaient plusieurs salles. À Cressac-Saint-Genis, sept salles, de diverses tailles, composent le souterrain.
Banquettes en pierre, petites niches dans lesquelles étaient sans doute déposées des lampes à huile, mais également quelques encoches dans les parois suggérant la présence d’étagères, sont autant d’indices de la vie sous terre.

À Maillé (lien vers site 188), cinq souterrains ont été fouillés sur le tracé de la ligne à grande vitesse. Creusés au XIIe siècle, ils sont abandonnés au tournant du XVe siècle, après l’affaissement des plafonds de plusieurs d’entre eux.
Celui de Cressac-Saint-Genis est creusé un peu plus tardivement, au XIIIe siècle. Il est également abandonné au début du XVe siècle et semble avoir été volontairement détruit.

À Pussigny, les deux petits souterrains fouillés au fond du vallon humide du Grouet semblent creusés bien avant ceux de Maillé ou de Cressac-Saint-Genis, vraisemblablement à la fin du Xe siècle. Les dépôts sédimentaires dans lequel ils sont creusés sont beaucoup plus friables que le calcaire de Maillé ou Cressac-Saint-Genis. Le faible nombre de salles et leur étroitesse, les difficultés de circulation et les risques réels d’éboulements indiquent sans doute, contrairement à ceux de Maillé ou de Cressac-Saint-Genis, davantage une fonction de refuge potentiel que de cave. Leur durée de vie est probablement limitée. D’ailleurs, ils semblent abandonnés, ainsi que le reste du site dans ce secteur, dès le XIe siècle.