L'industrie lithique du Canton des Bergauds
Méthodes
L'étude tracéologique menée sur les objets lithiques du Canton des Bergauds à Clérac (Charente-Maritime) avait pour but de déterminer les modes de fonctionnement des pièces (matières travaillées, modes d'action et de préhension), à partir des traces d'usure éventuellement conservées sur les tranchants et sur les surfaces des outils.
Ces données sont capitales pour contribuer à définir la fonction des occupations, donc les activités pratiquées in situ, et pour connaître le ou les registre(s) d'utilisation des différentes catégories de pièces composant l'industrie lithique.
La recherche et l'interprétation des traces d'usure font appel à une méthode initiée entre les années 1960 et 1980 et mise en œuvre depuis par la majorité des tracéologues. Plusieurs échelles d'observation sont utilisées pour l'examen des bords et des surfaces. La loupe binoculaire (faible grossissement : de 10 à 30 fois) permet d'examiner des fractures, des esquillements et des émoussés (macro-traces), qui renseignent principalement sur le mouvement effectué et la dureté de la matière travaillée.
Sur la base des caractéristiques des esquillements, des matières dures (os, bois de cervidé, bois végétal dur) peuvent ainsi être différenciées des matières tendres (viande, peau). Une catégorie intermédiaire (mi-dure) est parfois considérée, elle regroupe principalement le bois végétal. La présence d'un arrondi du fil lié à de nombreux écrasements permet d'identifier une matière minérale, les matières organiques ne produisant pas ces stigmates.
Le microscope métallographique (fort grossissement : de 100 à 500 fois) permet quant à lui de rechercher des polis et des stries (micro-traces) qui indiquent souvent la nature précise de la matière travaillée ainsi que le mouvement.
Ces données sont capitales pour contribuer à définir la fonction des occupations, donc les activités pratiquées in situ, et pour connaître le ou les registre(s) d'utilisation des différentes catégories de pièces composant l'industrie lithique.
La recherche et l'interprétation des traces d'usure font appel à une méthode initiée entre les années 1960 et 1980 et mise en œuvre depuis par la majorité des tracéologues. Plusieurs échelles d'observation sont utilisées pour l'examen des bords et des surfaces. La loupe binoculaire (faible grossissement : de 10 à 30 fois) permet d'examiner des fractures, des esquillements et des émoussés (macro-traces), qui renseignent principalement sur le mouvement effectué et la dureté de la matière travaillée.
Sur la base des caractéristiques des esquillements, des matières dures (os, bois de cervidé, bois végétal dur) peuvent ainsi être différenciées des matières tendres (viande, peau). Une catégorie intermédiaire (mi-dure) est parfois considérée, elle regroupe principalement le bois végétal. La présence d'un arrondi du fil lié à de nombreux écrasements permet d'identifier une matière minérale, les matières organiques ne produisant pas ces stigmates.
Le microscope métallographique (fort grossissement : de 100 à 500 fois) permet quant à lui de rechercher des polis et des stries (micro-traces) qui indiquent souvent la nature précise de la matière travaillée ainsi que le mouvement.
Le travail des supports organiques au Canton des Bergauds
L'étude menée sur 350 pièces du Canton des Bergauds a révélé la présence de traces d'utilisation sur plusieurs catégories d'objets qui ont servi selon divers modes de fonctionnement.
Le travail de la peau, notamment la découpe de peau, est l'activité la mieux représentée. Si on considère les caractéristiques des micro-polis, ce matériau a probablement été travaillé sur le site à différents états. Même s'il est difficile de déterminer les étapes de la chaîne opératoire du travail du cuir représentées sur le site, il est vraisemblable que certaines pièces au moins (lames appointées) soient intervenues plutôt en fin de chaîne, par exemple au moment de la finition ou de la confection d'objets (voire, pourquoi pas, dans l'entretien des cuirs).
Le travail de la peau a été réalisé uniquement à l'aide d'outils sur lames : des lames à bord(s) retouché(s), parfois appointées ou transformées en burins, pour la découpe, et des grattoirs et des lames appointées pour le raclage. Deux des lames appointées présentent plusieurs zones actives et ont été utilisées pour la découpe (bords latéraux) et pour le raclage (bord latéral proche de l'extrémité appointée). Deux pièces, une lame appointée et un grattoir, portent des traces indubitables de ravivage : les traces d'utilisation sont recoupées par des enlèvements de retouche plus récents, indiquant une longue durée d'utilisation de ces supports laminaires, dont les fonctionnements ont pu évoluer au cours du temps, comme l'illustre la lame appointée utilisée pour couper, puis pour racler de la peau.
La percussion lancée directe sur matière dure organique est relativement courante ; elle pourrait notamment correspondre au débitage de bois de cervidé, mais l'absence de micro-polis d'utilisation et d'industrie osseuse sur le site ne permet pas de confirmer cette hypothèse.
Il est difficile de se prononcer sur l'existence d'un travail plus global des matières dures animales, mais l'hypothèse est à envisager. Quatre burins et un éclat portent en effet des esquillements peut-être produits par le raclage de matières dures organiques, de type os ou bois de cerf ; mais l'absence de micro-poli et l'imperfection provisoire du référentiel expérimental de burins obligent à une certaine prudence.
Hormis une petite lamelle denticulée utilisée en découpe de matière tendre, il n'existe aucun signe indiscutable de boucherie. De nombreuses lames brutes ont pourtant été examinées, mais aucune n'a livré la moindre trace compatible avec un fonctionnement classique en couteau de boucherie. Enfin, dernier paradoxe pour une industrie engagée dans l'Épipaléolithique, l'activité de chasse n'est représentée que par une armature impactée. À noter, néanmoins, que les traces diagnostiques d'impact ne se forment pas systématiquement sur les armatures utilisées.
Le travail de la peau, notamment la découpe de peau, est l'activité la mieux représentée. Si on considère les caractéristiques des micro-polis, ce matériau a probablement été travaillé sur le site à différents états. Même s'il est difficile de déterminer les étapes de la chaîne opératoire du travail du cuir représentées sur le site, il est vraisemblable que certaines pièces au moins (lames appointées) soient intervenues plutôt en fin de chaîne, par exemple au moment de la finition ou de la confection d'objets (voire, pourquoi pas, dans l'entretien des cuirs).
Le travail de la peau a été réalisé uniquement à l'aide d'outils sur lames : des lames à bord(s) retouché(s), parfois appointées ou transformées en burins, pour la découpe, et des grattoirs et des lames appointées pour le raclage. Deux des lames appointées présentent plusieurs zones actives et ont été utilisées pour la découpe (bords latéraux) et pour le raclage (bord latéral proche de l'extrémité appointée). Deux pièces, une lame appointée et un grattoir, portent des traces indubitables de ravivage : les traces d'utilisation sont recoupées par des enlèvements de retouche plus récents, indiquant une longue durée d'utilisation de ces supports laminaires, dont les fonctionnements ont pu évoluer au cours du temps, comme l'illustre la lame appointée utilisée pour couper, puis pour racler de la peau.
La percussion lancée directe sur matière dure organique est relativement courante ; elle pourrait notamment correspondre au débitage de bois de cervidé, mais l'absence de micro-polis d'utilisation et d'industrie osseuse sur le site ne permet pas de confirmer cette hypothèse.
Il est difficile de se prononcer sur l'existence d'un travail plus global des matières dures animales, mais l'hypothèse est à envisager. Quatre burins et un éclat portent en effet des esquillements peut-être produits par le raclage de matières dures organiques, de type os ou bois de cerf ; mais l'absence de micro-poli et l'imperfection provisoire du référentiel expérimental de burins obligent à une certaine prudence.
Hormis une petite lamelle denticulée utilisée en découpe de matière tendre, il n'existe aucun signe indiscutable de boucherie. De nombreuses lames brutes ont pourtant été examinées, mais aucune n'a livré la moindre trace compatible avec un fonctionnement classique en couteau de boucherie. Enfin, dernier paradoxe pour une industrie engagée dans l'Épipaléolithique, l'activité de chasse n'est représentée que par une armature impactée. À noter, néanmoins, que les traces diagnostiques d'impact ne se forment pas systématiquement sur les armatures utilisées.
Le statut du site
L'emprise fouillée témoigne d'un certain équilibre des activités d'un secteur à l'autre du site, mais malgré tout des tendances se dessinent, indiquant une possible gestion différentielle de l'espace. Ainsi, le secteur 4 associe le seul projectile identifié à la seule activité de découpe de viande reconnue, et serait a contrario le seul à ne pas avoir abrité une activité de raclage de la peau.
Il est aussi celui qui offre la plus grande variété typologique de microlithes, mais aussi le moins de lames appointées. Le secteur 1 aura seul connu l'usage du percuteur organique pour le débitage des lames, et offre proportionnellement plus de supports bruts utilisés que n'importe où ailleurs. Enfin le secteur 3 pourrait être une aire de consommation sans spécificité particulière, aucune activité de débitage lithique n'y étant pleinement reconnue.
Il est aussi celui qui offre la plus grande variété typologique de microlithes, mais aussi le moins de lames appointées. Le secteur 1 aura seul connu l'usage du percuteur organique pour le débitage des lames, et offre proportionnellement plus de supports bruts utilisés que n'importe où ailleurs. Enfin le secteur 3 pourrait être une aire de consommation sans spécificité particulière, aucune activité de débitage lithique n'y étant pleinement reconnue.
- Lames appointées du secteur 1 portant des traces de découpe (trait rose) et de raclage (trait orange) de peau. Traces macro-...Lames appointées du secteur 1 portant des traces de découpe (trait rose) et de raclage (trait orange) de peau. Traces macro- (a) et microscopiques (b, f) liées à la découpe de peau, et traces macro- (c) et microscopiques (d) liées au raclage de peau. Vue macroscopique des enlèvements de ravivage recoupant les usures liées à l'utilisation (e).
Le Canton des Bergauds, Clérac (Charente-Maritime), 2011.
© Emilie Claud, Inrap - Lame appointée du secteur 2 ayant servi à couper (trait rose) et à racler (trait orange) de la peau....Lame appointée du secteur 2 ayant servi à couper (trait rose) et à racler (trait orange) de la peau. Émoussé et brillance macroscopique liés au raclage de peau (a). Micro-polis, stries et émoussés liés au raclage de peau (b et c). Micro-polis et émoussés liés à la découpe de peau (d).
Le Canton des Bergauds, Clérac (Charente-Maritime), 2011.
© Emilie Claud, Inrap