Ersterbach

Coupe transversale du site.  Elle met en évidence les différents vestiges mis au jour.  Ersterbach, Haut-Clocher (Moselle), 2010. © DAO Rémy Jude, Inrap
Coupe transversale du site.
Elle met en évidence les différents vestiges mis au jour.
Ersterbach, Haut-Clocher (Moselle), 2010. © DAO Rémy Jude, Inrap

Description

Histoire d'un vallon
Le site, découvert sur le territoire de Haut-Clocher au lieu-dit Ersterbach, correspond à un vallon ayant révélé des vestiges profondément enfouis remontant à l'Antiquité et au Moyen Âge. Des études géomorphologiques et carpologiques ont permis de retracer l'évolution environnementale de ce vallon, complétant l'histoire de son occupation humaine.

Résultats

La naissance d'un vallon
L'étude paléo-environnementale a identifié quatre phases dans l'histoire du vallon d'Ersterbach pendant l'Holocène (époque géologique débutant aux alentours de 10 000 avant notre ère). La première phase correspond au creusement du vallon au Tardiglaciaire (16 000-9700 avant notre ère). La seconde est une phase de comblement par érosion des limons des plateaux, entre la fin du premier âge du Fer et le tout début du second âge du Fer (800-400 avant notre ère). Elle est liée à la déforestation et à la mise en culture des pentes durant une période de crise environnementale.  

Une voie romaine
La troisième phase, durant l'Antiquité, est une période de stabilisation des versants liée à un changement climatique ou à l'évolution des techniques agricoles (haies, pâtures, friche). C'est alors qu'une voie de circulation, régulièrement entretenue, est installée sur le bord de la dépression du vallon, afin de traverser le talweg à gué. L'aménagement semble cependant souffrir de la déclivité du terrain et de l'instabilité créée par l'écoulement de l'eau, nécessitant la création d'un drain.    

Hypothèses de direction
Le secteur de Haut-Clocher, dense en indices d'habitat de la période romaine, était traversé par des axes de circulation importants reliant les grandes cités de la région (Strasbourg, Reims, Metz). La voie fouillée au lieu-dit Ersterbach n'en fait pas partie, mais elle témoigne du soin apporté à des ouvrages secondaires qui tissaient une toile entre les établissements ruraux antiques.

Malgré la taille relativement petite de la portion étudiée, il est possible d'en établir des hypothèses de direction. À l'est, l'ouvrage se poursuit indéniablement vers le domaine de Saint-Ulrich, prestigieuse villa antique. À l'ouest, le prolongement de la voie se connecte parfaitement avec le tronçon supposé traverser le Bois Impérial du Commandeur. Cette route dessert, à mi-parcours, un établissement de grande ampleur repéré depuis les années 1910.

Le site d'Ersterbach n'est donc pas seulement exceptionnel pour sa localisation au croisement d'un talweg, mais également parce qu'il présente vraisemblablement le seul virage sur plusieurs kilomètres de distance.

Le paysage, quant à lui, dévoile pour la période une emprise toujours plus importante des cultures sur les zones boisées.  

La nature reprend ses droits
Enfin, la quatrième et dernière phase de l'histoire du vallon correspond à une déstabilisation, liée à une reprise des défrichements et à une agriculture intensive durant une période plus humide. Cette phase intervient durant le haut Moyen Âge. Les couches d'érosion des pentes du vallon recouvrent la voie romaine et colmatent le vallon.

C'est dans ce contexte que sont installés deux puits médiévaux à plusieurs années d'intervalle. L'activité humaine se limite à un rejet de restes de chevaux, dont un exemple comporte des traces de débitage.

La forêt reprend peu à peu ses droits sur un vallon en pâture relativement humide.     


Rémy Jude