La ville

Ville de la Loire, nommée Caesarodunum à l’époque romaine, puis Tours d’après le nom du peuple gaulois des Turons, évêché de saint Martin devenu un centre majeur de pèlerinage, capitale du royaume établie par Louis XI « au Jardin de France », scène de romans de Balzac... Plus de 2 000 ans d’histoire sont enfouis sous le sol actuel de Tours : un établissement gaulois du IIe siècle avant notre ère, des quartiers anciens, des monuments  remontant au IVe siècle comme le rempart de la Cité, au Xe siècle comme celui de Châteauneuf, une forte empreinte du Moyen Âge et du XVIe siècle dans le bâti civil, religieux et militaire… 
Visite de la ville avec Henri Galinié, directeur de recherche honoraire du CNRS, 
et  Anne-Marie Jouquant, archéologue responsable d'opération, Inrap.

Durée : 4'45''
© Inrap / Vic Prod, octobre 2009
Tours compte parmi la centaine des villes qui, depuis l’Antiquité, forment l’armature urbaine de la France. Leur stabilité tient à ce qu’elles sont des chefs-lieux avant d’être des centres économiques : le statut de place administrative et politique leur assure une pérennité que ne garantit pas à lui seul un rôle dans un réseau d’échanges, plus fragile dans la longue durée des conjonctures économiques. Tours est ainsi un chef-lieu important dans l’Histoire et une place économique de rang moyen dans la France de l’Ouest.  

Ville de fleuve et d’interfluve entre Loire et Cher, Tours est la scène d’initiatives permanentes des habitants pour s’approcher de l’axe majeur de communication qu’est le fleuve, empiéter dans son cours, le forcer, pour y installer entrepôts et quais ; mais ces conquêtes ont des conséquences dramatiques, comme les inondations qu’amplifient la canalisation de la Loire et les dégradations climatiques.  

Depuis 1968, le sous-sol de Tours est l’objet d’un programme de recherche historique et archéologique qui a joué un rôle déterminant dans le développement de l’archéologie urbaine en France. Par ce terme, on entend l’accent mis sur la ville antique, médiévale, moderne et non sur les découvertes ponctuelles les plus marquantes. Au Laboratoire d’archéologie urbaine de Tours, structure associative, succède le Laboratoire archéologie et territoires (unité mixte du  CNRS et de l’Université François Rabelais), comme à l’AFAN succède l’Inrap, qui assure depuis 2001 les interventions d’archéologie préventive.  
Le sous-sol de Tours - Centre historique et urbain de Tours
Jaune orangé : le bâti du XIXe siècle
Rouge : la destruction du sous-sol
Jaune vif : les volumes fouillés

Durée : 0'54''
© O.Arnold, LAT et Topopi, 2006

Au fil des années, la connaissance de Tours s’affine, mettant à profit les occasions d’accéder à la documentation archéologique que procurent les travaux d’aménagement urbain, mais aussi, fait rare, grâce à la mise à disposition par la Ville de terrains pour des recherches programmées. Quarante années d’archéologie urbaine, par des dizaines de fouilles systématiques et d’observations ponctuelles, révèlent une ville antique et médiévale dont l’étendue varie d’une centaine d’hectares pour la ville ouverte du Haut-Empire à une cinquantaine pour la ville close du XIVe siècle, avec une phase de rétraction apparemment sévère entre-temps.   

L’étendue et la parure architecturale de Caesarodunum apparaissent mieux désormais, et le centre monumental antique se dessine. Cette première ville ouverte, qui en cache peut-être une autre d’époque gauloise, laisse peu d’héritage dans le paysage urbain.   

Le centre historique, tel qu’il se présente aujourd’hui, trouve son origine au IVe siècle, lorsque que la Cité est confinée à l’intérieur de son rempart, et que l’évêque Martin est inhumé 800 m à l’ouest de la ville close. Dès lors, les éléments d’une agglomération double sont en place : chef-lieu politique d’un côté, centre économique de l’autre. De nos jours encore, cette dualité apparaît au promeneur attentif qui parcourt du levant au couchant, comme on disait au Moyen Âge, l’ancienne Grand-rue déroulée parallèlement au fleuve sur plus de 1 500 m.