Localisation de la fouille du site 1. © LAT
Description
Entièrement réalisée par une équipe d'archéologues bénévoles entre 1968 et 1973, avec le soutien de la Ville de Tours, la fouille a concerné l'espace de l'ancien cloître à galerie de l'église Saint-Pierre-le-Puellier, dans un secteur urbain où commençait la restauration des immeubles insalubres.Elle marque le début du programme d'archéologie urbaine à Tours. Son objectif principal était alors d'acquérir des informations d'ordre stratigraphique : en particulier de déterminer l'épaisseur des couches archéologiques entre la surface du sol géologique et la surface du sol actuel, quelles traces correspondaient au Moyen Âge, quelles autres à l'Antiquité…
Les moyens disponibles et les conditions de sécurité n'ont permis qu'une observation très limitée des niveaux primitifs situés à plus de six mètres de profondeur.
Résultats
De la grève à la bergeUn premier bâtiment, dont n'est connu que l'angle nord-ouest percé d'une porte, est construit au Ier siècle sur la rive du fleuve. Par l'épaisseur de ses murs (1,70 m), ce bâtiment s'apparente à une construction publique, sans que l'on puisse être plus précis sur sa fonction. Peu après sa construction, une terrasse, aménagée juste devant sa façade nord, surélève le niveau de la grève et la transforme en berge, ce qui devait permettre l'accostage de bateaux.
Une réorganisation importante intervient au IIe siècle : plusieurs bâtiments se substituent au bâtiment primitif, tandis qu'une venelle orientée nord-sud et réutilisant la porte du bâtiment du Ier siècle remplace la circulation est-ouest, le long de la Loire, matérialisée par l'ancienne terrasse. Ces transformations témoignent d'un gain sur le fleuve, désormais plus éloigné. Au moins deux des nouvelles constructions possèdent des bassins et des systèmes d'évacuation d'eau indiquant une activité artisanale maintenue jusqu'au IIIe siècle.
Abandon et reprise
Pour les siècles allant du IVe au IXe, l'inexistence d'information semble signifier absence. Un moule à médailles constitue le seul indice tangible d'une production artisanale pouvant être mise en relation avec le pélerinage martinien. Des murs sont restés au moins partiellement en élévation jusqu'à la fin du Xe siècle. La présence de fosses-dépotoirs atteste une réoccupation des lieux à partir des IXe-Xe siècles.
Un cimetière paroissial
L'utilisation des lieux à des fins funéraires débuta à la fin du Xe ou au tout début du XIe siècle. Au début, le cimetière n'occupait qu'une partie de l'espace fouillé au nord de l'église Saint-Pierre-le-Puellier. Il était limité au nord par un atelier de chaufournier, bâti en réutilisant des éléments de structure des anciens bâtiments, et qui fonctionna pendant plusieurs décennies. Au XIIe siècle au plus tard, il fut étendu vers le nord. Les premières tombes, du XIe au XIVe siècle, formaient un coffrage autour du corps, formé avec des blocs de pierre semblables à ceux utilisés dans l'architecture religieuse ou domestique. Une loge était destinée à recevoir la tête du défunt. Formée primitivement d'un seul bloc creusé, elle fut, à partir du XIIIe siècle, constituée de trois petits blocs. À compter du XIVe siècle, l'emploi du cercueil de bois se généralise.
Dès l'origine, la composition de la population inhumée était de type paroissial, c'est-à-dire accueillant des laïcs (hommes, femmes et enfants). Quand le cloître fut bâti, à la fin du Moyen Âge, les laïcs furent inhumés dans la cour alors que la galerie couverte présente dans la fouille était réservée aux chanoines. Le cimetière paroissial est resté en usage jusqu'au XVIIIe siècle.