63-65bis rue Nationale, 9 rue Etienne Palu et 2-8 rue Gambetta

Le chantier en cours de fouille, vu depuis le sud. Les vestiges de domus occupaient le cœur d'un vaste îlot bordé de voiries antiques localisées approximativement sous les rues actuelles (au nord la rue Gambetta, à l'est la rue Nationale et au sud la rue Etienne Pallu). © Inrap
Le chantier en cours de fouille, vu depuis le sud. Les vestiges de domus occupaient le cœur d'un vaste îlot bordé de voiries antiques localisées approximativement sous les rues actuelles (au nord la rue Gambetta, à l'est la rue Nationale et au sud la rue Etienne Pallu). © Inrap

Description

L'endroit semble n'avoir connu aucune occupation gauloise. Les vestiges observés caractérisent un ensemble de domus du Haut-Empire, dont les bâtiments ont été modifiés à deux ou trois reprises. L'îlot bordait le centre monumental de l'agglomération, composé du grand temple circulaire et des thermes publics.

Résultats

Les premières traces d'occupation sont implantées à la surface d'un vaste paléochenal, bras fossile de la Loire, reconnu ponctuellement sur plusieurs autres chantiers. Le bas niveau de son sol n'a pas empêché l'urbanisation de cette frange méridionale de l'agglomération, longtemps considérée comme insalubre, sans pour autant faire l'objet, durant l'Antiquité, de travaux de remblayage préalable.

Un bâti très clairement organisé aux Ier et IIe siècles
À l'échelle du site, il apparaît clairement qu'un découpage parcellaire (plan d'occupation des sols ou cadastre avant la lettre) est mis en place très précocement. C'est la première fois que l'on observe ce phénomène à Tours. Matérialisées par des alignements de trous de poteaux, ces limites ont durablement marqué l'organisation du bâti.
Le plan du dernier état architectural permet de distinguer sans hésitation plusieurs domus juxtaposées. Deux grandes surfaces non bâties rectangulaires, de 220 m2 et de 180 m2, s'intercalent entre les constructions. Leur accès ne pouvait se faire qu'à partir des bâtiments disposés en couronne. Si ces « cours-jardins », à usage probablement privé, semblent accueillir essentiellement des activités domestiques (nombreuses fosses à usages variés : latrines, celliers, dépotoirs…), l'exhaussement du sol et les variations de texture du sédiment peuvent également témoigner d'un usage agricole à certains moments.

Terres noires et sépultures médiévales
L'abandon du secteur, lors de la réorganisation de la ville durant l'Antiquité tardive, se traduit par la présence de « terres noires » recouvrant les vestiges des bâtiments. Après une phase de récupération de matériaux de construction, le site est mis en culture. Par la suite, quelques structures en creux du haut Moyen Âge traduisent une occupation plus dense à proximité des voies.
Trois sépultures en pleine terre localisées à la limite nord de la fouille ont été reconnues dans les terres noires. Quelques tessons de céramique retrouvés dans leur voisinage peuvent être attribués à la période carolingienne.