
Le troisième édifice de la pars rustica de la villa.
La Bourlerie, Vallon-sur-Gée (Sarthe), 2012. © Gilles Leroux Inrap
La Bourlerie, Vallon-sur-Gée (Sarthe), 2012. © Gilles Leroux Inrap
Description
La pars rustica d'une grande villa gallo-romaineLes archéologues ont dégagé sur le site de la Bourlerie des vestiges liés à une villa (grand domaine agricole antique), repérée par photographie aérienne dès 1997. Ils correspondent à une portion de la pars rustica, c'est-à-dire les espaces liés à l'exploitation du domaine, par contraste avec la pars urbana, partie résidentielle de la villa. À la Bourlerie, toute une série de structures artisanales et de bâtiments maçonnés ou en bois ont été mis au jour de part et d'autre d'un vallon asséché. Les vestiges couvrent dans leur grande majorité la période du Ier au IIIe siècle de notre ère.
Résultats
Aux origines de la villa ?Le vestige le plus ancien mis au jour est un angle de bâtiment maçonné sans doute attribuable au Ier siècle de notre ère. Il est recoupé par une série d'enclos fossoyés ou, dans un cas, palissadé, datant eux aussi du Ier siècle.
La fabrication de la chaux
La portion de la pars rustica reconnue à la Bourlerie par les archéologues est d'abord dédiée, dans le courant du Ier siècle, à l'activité de fabrication de chaux. Celle-ci était utilisée pour la préparation du mortier liant entre elles les pierres des bâtiments. Cette activité est caractéristique des nouveaux modes de construction « en dur » liés à la romanisation de la Gaule. Plusieurs fours à chaux ont été reconnus et deux sont particulièrement bien conservés. La chaux était fabriquée à partir du calcaire extrait du sous-sol ou à partir de pierres issues de bâtiments abandonnés. Une mare située à proximité assurait l'alimentation en eau. La production de chaux a sans doute été importante.
Changement de fonction aux IIe et IIIe siècles
À partir du IIe siècle, plusieurs bâtiments sont construits sur le site. Le premier bâtiment, construit en dur autour d'une cour centrale, avait une superficie supérieure à 400 m². Le second édifice, d'environ 150 m2, installé sur le flanc du vallon, était bâti sur une ossature en bois. Il disposait d'un caniveau en blocs de calcaire. Sur l'autre versant du vallon, les archéologues ont repéré un troisième bâtiment en dur de près de 800 m2, s'organisant également autour d'une grande cour centrale. D'autres vestiges de constructions de plus faibles dimensions enrichissent le plan d'occupation du site. À ce stade de l'étude, il est difficile de déterminer la nature des activités qu'ils abritaient : habitat, artisanat, stockage, élevage...
Riches propriétaires
L'activité artisanale soutenue, les dimensions et le nombre des édifices repérés suggèrent que la pars rustica de la Bourlerie appartenait à une riche et importante villa. L'aisance matérielle des propriétaires est d'ailleurs révélée par la découverte de quelques objets de luxe (bague à intaille en argent, palette à fard en marbre, éléments de décoration zoomorphes).
L'occupation du site au Moyen Âge
Après plusieurs siècles d'abandon, un petit habitat s'installe au VIIe siècle à l'emplacement du troisième édifice gallo-romain. Il se matérialise par un chemin, deux fours culinaires et de probables bâtiments sur poteaux. Il constitue le dernier témoignage de l'occupation humaine du site de la Bourlerie.