Antiquité romaine
Si la chute de Marseille devant les légions de César, en -49, a dimportantes conséquences dordre politique et économique pour la cité, les répercussions immédiates sur le tissu urbain demeurent plus discrètes, hormis la disparition de larsenal. Ce nest que quelques décennies plus tard, sous Auguste, que Marseille est véritablement transformée et entre « formellement » dans le monde romain.

Pavement romain du Ier siècle avant notre ère.
Fouille de l'hôtel-Dieu, Marseille, 2010.
© D. Gliksman, Inrap
Fouille de l'hôtel-Dieu, Marseille, 2010.
© D. Gliksman, Inrap
Le dynamisme augustéen et les équipements publics
La période augustéenne (-27 à 14 de notre ère) voit le renouvellement complet du paysage urbain : les constructions qui sont alors établies, équipements publics et aménagements portuaires, participent de la monumentalisation de la rive nord du port.
Les emprises libérées, notamment par le démantèlement du port de guerre grec, sont dévolues à lédification dun vaste ensemble thermal qui se développe sur 3 600 m2. De nombreux entrepôts commerciaux, principalement liés au commerce du vin, sont établis sur la rive nord de la calanque (sites de la Bourse, de la place Jules-Verne et du musée des Docks romains). Parallèlement, un théâtre voit le jour sur les pentes sud de la butte Saint-Laurent, que la largeur restituée de sa cavea (115 m) place parmi les plus grands édifices de ce type en Gaule méridionale.
Cependant, si ces monuments (théâtre, thermes de la place Bargemon) rattachent clairement Marseille au monde romain, leur construction se fait encore souvent selon des plans ou des techniques typiquement grecs. Les voies de circulation définies durant la période grecque sont elles aussi encore utilisées, certaines dentre elles étant pourvues dans le courant du IIe siècle de notre ère dun revêtement en dalles de calcaire dur.
Les lieux de culte sont tout autant méconnus que pour la période grecque, mais il est vraisemblable quils demeurent inchangés.
Les emprises libérées, notamment par le démantèlement du port de guerre grec, sont dévolues à lédification dun vaste ensemble thermal qui se développe sur 3 600 m2. De nombreux entrepôts commerciaux, principalement liés au commerce du vin, sont établis sur la rive nord de la calanque (sites de la Bourse, de la place Jules-Verne et du musée des Docks romains). Parallèlement, un théâtre voit le jour sur les pentes sud de la butte Saint-Laurent, que la largeur restituée de sa cavea (115 m) place parmi les plus grands édifices de ce type en Gaule méridionale.
Cependant, si ces monuments (théâtre, thermes de la place Bargemon) rattachent clairement Marseille au monde romain, leur construction se fait encore souvent selon des plans ou des techniques typiquement grecs. Les voies de circulation définies durant la période grecque sont elles aussi encore utilisées, certaines dentre elles étant pourvues dans le courant du IIe siècle de notre ère dun revêtement en dalles de calcaire dur.
Les lieux de culte sont tout autant méconnus que pour la période grecque, mais il est vraisemblable quils demeurent inchangés.
- Sol d'un bâtiment public augustéen.Sol d'un bâtiment public augustéen, en cours de fouille. Site de l'hôtel-Dieu. © D. Glilsman, InrapSol d'un bâtiment public augustéen, en cours de fouille. Site de l'hôtel-Dieu.
© D. Glilsman, Inrap - Sol mosaïqué de la pièce centrale d'un possible bâtiment public romainSol mosaïqué de la pièce centrale d'un possible bâtiment public romain dominant le port de Marseille, 2010. Il...Sol mosaïqué de la pièce centrale d'un possible bâtiment public romain dominant le port de Marseille, 2010. Il associe des éclats de pierre de couleur sans décor figuré.
© Ph. Mellinand, Inrap - Mosaïque blanche et noire des anciens thermes romains de la rue TrinquetMosaïque blanche et noire des anciens thermes romains de la rue Trinquet (début du Ier siècle de notre...Mosaïque blanche et noire des anciens thermes romains de la rue Trinquet (début du Ier siècle de notre ère), avec motif de tresse à deux brins.
© B. Sillano, Inrap
Les fortifications
Désormais inutiles, les fortifications ne sont cependant pas démantelées. Leur fonction défensive est très certainement abandonnée, mais elles sont pourtant entretenues durant la période romaine. En témoigne le tronçon dépoque augustéenne aperçu sur la fouille de lavenue Vaudoyer ou encore la mention par Pline lAncien du riche médecin Crinas de Marseille qui dépensa plusieurs millions de sesterces à « construire les murs de sa ville natale ».
Le port romain
Le rempart ayant perdu sa fonction défensive, des faubourgs se développent à son contact, ainsi quune zone commerciale, édifiée à lentrée de ville. Les entrepôts à dolia (grosses jarres dune capacité de 1 000 à 2 000 litres utilisées pour le transport du vin en vrac) fouillés sur le site de la Bourse sont associés à différents équipements liés au commerce maritime (quais permettant laccostage des navires, bassin deau douce pour le ravitaillement).
Ce dynamisme commercial est également attesté par la découverte dune tablette de bois pyrogravée sur le site de la place Jules-Verne, qui témoigne de lexistence dune station douanière à Marseille (au IIIe siècle ?). Lentrée de Marseille dans le monde romain ne lui a donc pas ôté sa raison dêtre, le commerce, et la ville reste largement ouverte sur les échanges méditerranéens.
Ce dynamisme commercial est également attesté par la découverte dune tablette de bois pyrogravée sur le site de la place Jules-Verne, qui témoigne de lexistence dune station douanière à Marseille (au IIIe siècle ?). Lentrée de Marseille dans le monde romain ne lui a donc pas ôté sa raison dêtre, le commerce, et la ville reste largement ouverte sur les échanges méditerranéens.

Quai romain en bois situé au nord de l'entrepôt à dolia au début du Ier siècle de notre ère.
© Ph. Foliot (CCJ/CNRS)
© Ph. Foliot (CCJ/CNRS)
Les secteurs résidentiels
Les réaménagements profonds de lespace urbain ne semblent toucher que ponctuellement les zones résidentielles, au sein desquelles les anciennes demeures grecques (rue Leca, esplanade de la Major), toujours utilisées, cohabitent avec des insulae nouvellement créées (site des Pistoles).
Peu à peu, cependant, les habitudes de construction grecques cèdent le pas aux techniques romaines : par exemple, les toits en tuiles de céramique de même que lutilisation du mortier de chaux se généralisent.
Si nous connaissons le plan au sol de quelques rares maisons, aucune nest suffisamment bien conservée pour que lon puisse déterminer la présence détages.
Peu à peu, cependant, les habitudes de construction grecques cèdent le pas aux techniques romaines : par exemple, les toits en tuiles de céramique de même que lutilisation du mortier de chaux se généralisent.
Si nous connaissons le plan au sol de quelques rares maisons, aucune nest suffisamment bien conservée pour que lon puisse déterminer la présence détages.
Les zones et traditions funéraires
Les zones funéraires romaines se situent elles aussi dans la continuité des précédentes. Les grands ensembles qui ont été fouillés (sites de Sainte-Barbe, de la rue Tapis-Vert, du Lazaret...) sont classiquement localisés à lextérieur de la ville antique, le long des principales voies daccès à la ville, mais également en rive sud de la calanque (bassin de carénage).
Ces différents sites témoignent de la coexistence des rites dinhumation et dincinération durant le Haut-Empire.
Ces différents sites témoignent de la coexistence des rites dinhumation et dincinération durant le Haut-Empire.
Exemple de sépulture en bâtière (tuiles disposées comme un toit avec deux pans inclinés).
© C. Richarté, Inrap
© C. Richarté, Inrap
Artisanat et agriculture
Les grandes productions céréalières, viticoles, oléicoles sont localisées dans les campagnes plus ou moins proches. Dautres cultures, telles que maraîchage, horticulture, etc. trouvent leur place dans les faubourgs immédiats.
La viticulture est attestée par de nombreuses découvertes de fosses de plantation de vigne, que leur forme particulière permet aisément didentifier. Introduite par les Grecs dès le VIe siècle avant notre ère, elle est encore très présente pendant la période romaine, comme en témoigne la fabrication damphores locales (site de la butte des Carmes) destinées à exporter le vin marseillais.
Une des ressources majeures de Marseille était bien évidemment liée à la mer : la pêche, destinée non seulement à la consommation des produits frais, mais également au commerce de salaisons ou de sauces, jouait un rôle de premier plan.
Les activités artisanales sont globalement mal connues dans Marseille romaine. Il existait évidemment de nombreux ateliers, mais ceux-ci nont laissé que peu de traces archéologiques, si ce nest quelques bassins peut-être liés à une fullonica (teinturerie) et une meunerie sur le site du tunnel Major.
La viticulture est attestée par de nombreuses découvertes de fosses de plantation de vigne, que leur forme particulière permet aisément didentifier. Introduite par les Grecs dès le VIe siècle avant notre ère, elle est encore très présente pendant la période romaine, comme en témoigne la fabrication damphores locales (site de la butte des Carmes) destinées à exporter le vin marseillais.
Une des ressources majeures de Marseille était bien évidemment liée à la mer : la pêche, destinée non seulement à la consommation des produits frais, mais également au commerce de salaisons ou de sauces, jouait un rôle de premier plan.
Les activités artisanales sont globalement mal connues dans Marseille romaine. Il existait évidemment de nombreux ateliers, mais ceux-ci nont laissé que peu de traces archéologiques, si ce nest quelques bassins peut-être liés à une fullonica (teinturerie) et une meunerie sur le site du tunnel Major.
Le Bas-Empire
Le IIIe siècle est marqué en plusieurs points de la ville par dimportantes destructions dues au feu (incendie du site de la rue Leca vers lan 250), tandis que certains secteurs semblent faire lobjet dune certaine déprise (site de La Major, place des Pistoles, etc.).
La zone portuaire est toujours densément occupée aux IIIe et IVe siècles, et les entrepôts de la place Jules-Verne resteront en activité jusquà la fin du IVe siècle.
La zone portuaire est toujours densément occupée aux IIIe et IVe siècles, et les entrepôts de la place Jules-Verne resteront en activité jusquà la fin du IVe siècle.
Philippe Mellinand