Synthèse par thèmes

La construction en pierre au haut Moyen Âge (VIe-IXe siècle)

Les opérations archéologiques réalisées à Orléans ces dix dernières années ont largement contribué à enrichir notre connaissance du paysage urbain entre le VIe et le IXe siècle. Non seulement ces fouilles ont augmenté considérablement le corpus des constructions attribuées au haut Moyen Âge, mais elles ont mis en évidence un art de construire dont on ne soupçonnait pas qu’il fût aussi développé.
Plan localisant les découvertes de constructions remontant au haut Moyen Âge (VIe-IXe siècle) à Orléans.
© Hervé Herment et Pascal joyeux, Inrap

Un site emblématique place Sainte-Croix

Le bâtiment mérovingien mis au jour place Sainte-Croix constitue la découverte la plus remarquable pour la période (voir la « Découverte remarquable – Un bâtiment mérovingien » ). D’une surface estimée à
110 m2, l’édifice reposait sur des murs épais couverts d’enduit peint et construits sur des ressauts appareillés. Il comportait une couverture en tuiles de tradition antique et des modillons. Le statut du bâtiment fait encore débat ; à ce jour, l’hypothèse d’un édifice civil appartenant à une élite urbaine est privilégiée. 

Les ateliers de Saran

L’intégralité des éléments de couverture mis au jour sur le site mérovingien de la place Sainte-Croix, comme sur la majorité des sites orléanais, provient des ateliers de potiers de Saran, commune voisine d’Orléans. La poursuite des campagnes de fouilles programmées sur ces ateliers apporte des informations fondamentales pour apprécier la variété des éléments de couverture du haut Moyen Âge. Les ateliers de Saran produisaient en quantité des tuiles de tradition antique, principalement des tegulae. Ils se caractérisaient également par une production d’antéfixes et de modillons, montrant que les toitures étaient supports à décoration. 

Deux murs rue Saint-Étienne

Au sud de la cathédrale Sainte-Croix, rue Saint-Étienne, deux murs ont été découverts : le plus ancien serait antérieur au VIIe siècle, tandis que le second serait postérieur au VIIe siècle. La maçonnerie la plus ancienne, initialement datée de l’Antiquité, présente une qualité de mise en œuvre proche de celle du bâtiment de la place Sainte-Croix, avec une élévation construite sur ressaut de fondations. La mise au jour d’un fragment de modillon produit à Saran témoigne de la proximité d’un édifice remarquable. 

Un angle de bâtiment place Saint-Pierre Empont

Une surveillance de travaux réalisée en 2005 place Saint-Pierre Empont, au sud de la rue Jeanne d’Arc, a offert de découvrir un angle de bâtiment maçonné du VIe-VIIe siècle, détruit au IXe siècle. La qualité de mise en œuvre des maçonneries s’apparente, encore une fois, à celle du bâtiment de la place Sainte-Croix. Le niveau des fondations n’ayant pas été atteint, on ignore s’il était bâti sur ressaut de fondations. Ce bâtiment semble avoir compris un étage.
Mur maçonné du haut Moyen Âge.
Place Saint-Pierre Empont, Orléans (Loiret), 2005.
© Pascal Dupont, SAMO

Un habitat place du Cheval Rouge

Plus à l’ouest, place du Cheval Rouge, des fouilles récentes ont mis en évidence un habitat édifié dès le début du IXe siècle (voir le site « place du Cheval Rouge » ). Si le plan complet du bâtiment n’a pas été reconnu, la qualité de ses maçonneries et son abondant mobilier céramique ne laissent aucun doute quant à son statut privilégié.

Une architecture maçonnée courante

Les archéologues ont longtemps pensé que, pour le haut Moyen Âge, seuls les édifices religieux ou prestigieux, à l’image du « palais mérovingien » de la Charpenterie (voir le site « îlot de la Charpenterie »), bénéficiaient d’un traitement architectural de qualité. Or, les découvertes effectuées à Orléans ces dernières années prouvent que la ville comportait de nombreux édifices civils maçonnés remarquables. La situation orléanaise est néanmoins exceptionnelle au regard des autres villes dans l’état actuel de la recherche. 
Victorine Mataouchek