Synthèse par périodes

Moyen Âge

Rue du Porteau. Maçonneries des VIe-VIIe siècles en pierres sèches, fondées sur des murs du Haut-Empire. Sondages C. Munier, Inrap.
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En plus du groupe épiscopal (églises, baptistère, palais) enclos dans la « Cité » intra-muros, l’ancien castrum, le haut Moyen Âge voit la création d’un réseau d’églises et de monastères dans le « suburbium » (la boucle du Doubs). Quatre églises funéraires mérovingiennes sont réparties le long du cardo, et des sépultures isolées ont été découvertes en périphérie de la boucle. En marge du cardo, les monastères de Saint-Paul et de Jussa-Moutier sont fondés par l’archevêque Donat dans la première moitié du VIIe siècle. Le nom de BESONCIONE (le V antique étant devenu B) apparaît sur des monnaies d’or frappées dans un atelier bisontin au début du VIIe siècle. À l’époque carolingienne, la capitale religieuse du diocèse de Besançon voit un accroissement de son administration cléricale entrainant un regain d’activité qui pourrait expliquer un début de repeuplement de la Boucle. Les églises funéraires implantées le long du cardo acquièrent sans doute un statut paroissial à cette époque, attestant l’existence d’importants noyaux de fidèles. Malgré une continuité indiscutable de la ville durant le haut Moyen Âge, aucun site d’habitat n’a fait l’objet d’opérations d’archéologie préventive. Les multiples fouilles ou sondages réalisés en cœur d’îlot, à l’écart des zones bâties, ou en dehors de la « Cité », n’ont pu que mettre en évidence une superposition immédiate des niveaux de la fin du Moyen Âge ou même de l’époque moderne sur les niveaux antiques.

Dans le contexte général de réveil économique que connaît l’Occident après l’an mil, la ville de l’époque féodale manifeste une reprise de l’urbanisation à partir de deux pôles : l’ancienne « Cité », au pied de la citadelle, et le quartier de part et d’autre du pont. Le paysage urbain est durablement marqué par l’archevêque Hugues de Salins (1031-1066), qui réforme et reconstruit monastères et églises, et que l’historiographie considère comme le second fondateur de Besançon. La ville, sur laquelle les archevêques exercent les pouvoirs régaliens (justice, frappe de la monnaie…), forme une enclave au sein du comté de Bourgogne depuis le Xe ou le XIe siècle et acquiert le statut de ville impériale à la fin du XIIe siècle.
Après un siècle de revendications et de luttes, les citoyens, conduits par la bourgeoisie, obtiennent l’autonomie communale, octroyée sous la forme d’une charte de franchise par l’empereur Rodolphe de Habsbourg en 1290. À partir des XIIe et XIIIe siècles, l’urbanisation s’étend à l’ensemble de la boucle et du quartier d’outre-pont (Battant), le quadrillage des rues devient plus dense et des espaces sont dédiés au commerce. Mis à part la Cité, qui se réduit désormais au quartier capitulaire et aux enclos des établissements religieux, le reste de la ville forme un seul ensemble territorial divisé en sept bannières ou quartiers. Face à l’urbanisation croissante, de nouvelles paroisses sont créées, et la ville totalise huit paroisse au début du XIVe siècle.  

L’accroissement de la population peut être quantifié à partir des premiers registres fiscaux de la fin du XIIIe siècle. La ville compte vers 1350 entre 8 500 et 10 000 habitants pour 1 500 feux (foyers) et se classe parmi les villes moyennes d’Occident. Ses fonctions de métropole religieuse lui assurent un fort pourcentage de clercs, près de 10 %. Les trois bannières de Battant (rive droite) abritent le plus fort peuplement, principalement occupé au travail de la vigne. Les activités agricoles (culture et viticulture), l’artisanat et le commerce se développent ; protégée par des remparts, la ville devient un centre de fabrication textile et d’échanges régionaux avec foires et marchés. Si la place des activités textiles ou financières demeure modeste par rapport aux villes italiennes, flamandes ou champenoises, les toiles de lin bisontines se vendent en Champagne, en Bourgogne et en Bavière ; la présence de banquiers italiens confirme un certain volume de transactions financières.  

L’archéologie confirme ces changements, grâce aux fouilles rue de Vignier, au Palais de Justice, au lycée Condé, à l’îlot Pâris, au palais Granvelle, place de la Révolution, à la résidence Saint-Jean (rue Ronchaux), mais aussi grâce à l’analyse du bâti, par exemple rue de la Convention. La fouille du cimetière de l’hôpital du Saint-Esprit (site de l’Îlot Paris) illustre la multiplication des ordres religieux ou hospitaliers. Les activités économiques sont observées à travers deux exemples de structures artisanales de la fin du Moyen Âge : un four de bronzier découvert place de la Révolution et un four à chaux de 8 m de diamètre étudié au Palais de Justice.