L’action de l’homme sur son environnement se manifeste par de profondes modifications du paysage. Bien que comblées, arasées ou perturbées par des aménagements plus récents ou par le simple passage du temps, ces traces du passé peuvent encore être observées, et des techniques de télédétection permettent de caractériser certaines anomalies spatiales décelées par les archéologues. Ces techniques fournissent alors des informations particulièrement intéressantes pour la compréhension des sites fouillés. L’étude microtopographique des reliefs anciens est ainsi utilisée sur les fouilles du canal Seine-Nord Europe.

Une modélisation du terrain en trois dimensions
Le travail microtopographique consiste à effectuer des relevés de précision centimétrique au GPS puis à élaborer des représentations graphiques. Ce processus méthodologique permet d’observer et de comprendre les reliefs invisibles à l’œil nu, en creux ou en élévation, grâce à un maillage de points permettant la modélisation et l’analyse de la surface du terrain en trois dimensions.

Un outil d’interprétation scientifique
L’étude microtopographique a permis, par exemple, de révéler le lien, indécelable de prime abord, entre un réseau hydraulique et un établissement agropastoral du début de notre ère sur un site de la commune de Campagne, dans l’Oise.

À Ercheu, dans la Somme, une analyse microtopographique a permis d’interpréter scientifiquement un ensemble de reliefs qui, à première vue, pouvait résulter d’un aménagement anthropique : une campagne de levers topographiques a révélé une structure rectangulaire liée à un cours d’eau, expliquant le décrochement actuel de la rivière. L’étude algorithmique des données topographiques a permis de déceler l’existence d’un espace de 40 mètres de long sur 20 mètres de large, au sommet d’une butte. L’ensemble de ces données semble attester que ces reliefs sont ce qui subsiste d’une motte médiévale et d’un fossé défensif surmontés d’une maison forte. Corroborant cette hypothèse, un parement en moellons de grès a été découvert lors d’un terrassement réalisé par le propriétaire du terrain.

Un nouvel éventail méthodologique
Ainsi, l’analyse des traces des activités humaines sur l’environnement appartient à ce nouvel éventail méthodologique dont l’Inrap développe et maîtrise les applications, en particulier sur les recherches archéologiques d’envergure menées préalablement à l’aménagement du canal Seine-Nord Europe.

Sylvain Rassat