Synthèse par périodes

Moyen Âge central

La ville double du Moyen Âge central (Xe-XIVe siècles)

La Cité de Tours et le castrum de Saint-Martin vers 950
Au début du Xe siècle, le monastère de Saint-Martin fut entouré, ainsi qu’une partie de son bourg, d’une enceinte de 4 hectares. Un territoire propre, soustrait à l’autorité de la Cité fut aussi instauré, entre le castrum et la Loire. Pour plusieurs siècles, il y eut sur le terrain comme dans les esprits, deux villes : Tours, la vieille cité héritée de l’Antiquité, et Châteauneuf, la ville neuve médiévale. Entre les deux, le monastère de Saint-Julien, par son vaste foncier, instaurait un intervalle qui fut long à s’urbaniser.
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Les Xe-XIe siècles

Les chanoines de Saint-Martin dotèrent leur monastère d’une enceinte achevée en 918. Avec son territoire propre échappant à l’autorité ecclésiastique et civile, l’existence de ce « castrum de Saint-Martin » eut pour résultat la bipolarisation effective de la ville pour quelques siècles entre la Cité, qui était Tours aux yeux des contemporains, et une nouvelle agglomération appelée Châteauneuf. Cet effet fut accentué par la restauration du monastère de Saint-Julien, lui aussi victime des Normands, dont les terres s’inséraient entre la Cité et Châteauneuf. Un espace fonctionnel tripartite s’établit dès lors, sans qu’il répondît à un quelconque projet d’ensemble.

La croissance urbaine semble aussi se manifester par la première pression foncière sensible le long du fleuve, concrétisée par des gains de terrain sur la Loire. Si l’on ne connaît pas beaucoup mieux le statut des petites gens qui formèrent la population des villes, du moins sait-on qu’à compter du XIe siècle, les paroisses constituèrent leur nouveau cadre de vie.

L’annexion de la Touraine au comté d’Anjou en 1044 se traduisit par une nouvelle forme de gouvernement, que symbolisa la construction d’un palais dans la Cité.

Les XIIe-XIIIe siècles

Ils sont marqués par plusieurs phénomènes liés à la croissance urbaine. On note la poussée vers l’ouest de la Cité avec le bourg des Arcis, l’accroissement en tous sens de Châteauneuf, la pression sur la rive du fleuve, tout comme l’ascension sociale de la nouvelle classe des bourgeois.

Malgré le maintien du monastère de Saint-Julien sur ses terres, une densification lente de l’habitat le long de la Grand-Rue est sensible. Elle commence à établir la liaison entre les deux pôles. L’installation de quatre couvents des ordres mendiants dans l’espace intercalaire à proximité de la Cité et de Châteauneuf à partir du XIIIe siècle souligne le dynamisme local.

Chacune des deux composantes présente le caractère contrasté des villes médiévales, où le changement économique se manifeste par des conflits d’intérêt entre tradition et modernité. C’est à la longue et complexe mise en place de la ville moderne que l’on assiste.