Synthèse par période

La Préhistoire

Le Paléolithique

Les humains sont à cette époque des chasseurs-cueilleurs nomades. Ils ne vivent pas toujours dans des grottes et se déplacent fréquemment pour suivre les migrations du gibier. 

Pendant que leurs cousins occupent la Caune de l’Arago à Tautavel, certains s’établissent sur les Costières de Nîmes (terrasses de galets anciennement déposés par le Rhône). Le site du Mas de Vouland à Nîmes s’illustre par la découverte de quelque 500 objets de pierre taillée, dont un biface acheuléen, outil emblématique du Paléolithique inférieur (600 000 à 300 000 avant notre ère).

À Mudaison, sur le site de Pascale et Bérange, un gisement de pièces lithiques a révélé une fréquentation humaine au Paléolithique supérieur incluant un atelier de taille, puis durant l’Épipaléolithique (vers 11000 avant notre ère).

Le Néolithique

Il y a près de 8 000 ans, des agriculteurs-éleveurs venus du Proche-Orient colonisent l’Europe et le sud de la France. Les populations se sédentarisent progressivement, habitent des maisons en bois et torchis, mais aussi en pierre ou en terre crue. Les premiers villages sont ouverts, puis, à la fin du Néolithique, sont protégés par des enceintes. Les groupes inventent et décorent de nouvelles poteries, développent des activités artisanales spécialisées et échangent des biens de prestige sur de très longues distances. La fin du Néolithique est marquée par l’apparition de la métallurgie du cuivre dans le sud de la France.     

Dès le Néolithique ancien, le rituel funéraire par excellence est l’inhumation du corps en pleine terre, en position repliée, parfois dans des cavités naturelles. Les tombes contiennent de rares parures ou éléments lithiques. À partir du Ve millénaire, les pratiques funéraires se diversifient de façon remarquable : dépôt des corps dans des coffres en bois ou en pierre, parfois recouverts d’un tertre en terre ou en pierre, pratique (rare) de l’incinération, constitution de nécropole, construction de sépultures monumentales. Dès le milieu du IVe millénaire, cette diversification se poursuit par le développement des sépultures collectives, l’apparition d’une architecture mégalithique dont relèvent les dolmens, le creusement d’hypogées ou encore l’aménagement de tombes sous tumulus. Le mobilier funéraire des sépulcres monumentaux peut être riche : poteries, haches polies, parures, outils en os et parfois offrandes animales. La totalité des tombes retrouvées ne rend compte que partiellement des populations réelles de ces périodes et il est vraisemblable que le droit à sépulture dépendait du statut du défunt.   

Sur les tracés du contournement ferroviaire de Nîmes et Montpellier et du déplacement de l’autoroute A9 à Montpellier, une quinzaine de sites néolithiques ont fait l’objet d’une fouille.   

Une sépulture multiple à l’entrée de l’aven de Montel à Lunel-Viel et des foyers à pierres chauffées du site de La Mourre à Mauguio constituent d’inestimables témoignages du début du Néolithique (entre 5200 et 4800 avant notre ère). D’autres foyers de ce dernier site sont attribuables au Néolithique moyen, période également très bien représentée par des foyers, fosses, dépotoirs et sépultures sur les sites de Cureboussot à Redessan, de Doulouzargues à Codognan et de Courconne et du Péras à Mauguio. Là, les abondants outils en silex et fragments de vaisselle en céramique serviront de référence régionale. La réutilisation de structures préexistantes pour des sépultures, une pratique funéraire constante pendant tout le Néolithique, est par exemple illustrée par l’inhumation de plusieurs corps dans un puits, autour de 4400 avant notre ère sur le site de Castelle et Fromigue à Lattes.    

La fin du Néolithique (à partir de 3600 avant notre ère) est remarquablement documentée avec notamment le monumental aménagement funéraire de Saint-Pastour Nord, le tumulus de Céreirède Rauze Basse à Lattes, la sépulture à dalle de Joncante à Codognan, le village et la sépulture collective de culture Ferrières (autour de 3000 avant notre ère) des sites de La Cavalade et de Mas rouge à Montpellier, les caves aménagées de Bois Saint-Antoine à Baillargues, le site de Cadoules à Mudaison et l’habitat retranché à enceintes de tradition Fontbouisse (première moitié du IIIe millénaire) de Pascale et Bérange à Mudaison-Saint-Brès.

Ces sites, par leur nombre et leur singularité, viennent considérablement enrichir la connaissance du Néolithique final régional. Ils confirment l’attractivité de ce secteur du Languedoc et illustrent les évolutions technologiques et les échanges (hache en cuivre de la Cavalade), les caractéristiques culturelles des divers groupes humains, les changements dans les modes d’habitat et la variété des pratiques funéraires.
Jean-Yves Breuil