Le Moyen Âge
Au VIe siècle, après la transition du royaume wisigothique, Toulouse reste la capitale de fortes entités politiques.
Vue des fondations du château Narbonnais en fin de fouilles, IXe- XVIe siècles. Les fondations de l’aile méridionale du château comtal au centre sont près de la salle aux arcades de la Grand-chambre construite en 1492.
Cité judiciaire, Toulouse (Haute-Garonne), 2007.
Cité judiciaire, Toulouse (Haute-Garonne), 2007.
© Olivier Dayrens, Inrap
Jusqu’au XIIIe siècle, son nom désigne à la fois un comté très étendu et l’une des quatre grandes familles princières d’Europe occidentale. Passée au royaume de France, la troisième ville la plus peuplée en est le fidèle et puissant soutien jusqu’à l’époque moderne.
Le haut Moyen Âge
Du VIe au Xe siècle, la puissance de la ville est l’enjeu de nombreuses alliances militaires. Il en découle l’émergence d’une famille comtale et d’une aristocratie militaire urbaine. Ce pouvoir comtal et oligarchique fort s’installe sur les tours de l’enceinte gallo-romaine. Positionné sur la porte monumentale sud de la cité, le château comtal fait écho à l’évêché, près de la porte orientale.
Dès le haut Moyen Âge, l’abbaye Saint-Sernin, bâtie en dehors de la cité antique sur le tombeau de Saturnin, premier évêque martyr de la ville, connaît un développement considérable. Le pèlerinage et les donations dont elle fait l’objet en font un ecclésiastique notoire qui s’impose durablement. L’implantation abbatiale (sites du Musée Saint-Raymond et du Lycée Ozenne) et le pôle funéraire de Saint-Pierre-des-Cuisines (sites de Saint-Pierre et de l’École d’économie), près de la Garonne, sont à l’origine du bourg qui se développe au nord de la ville.
La puissance comtale, XIe-XIIIe siècles
Au XIIe siècle, Toulouse est devenue une ville double : cité d’origine romaine et bourg médiéval. Les pouvoirs consulaires se développent en l’absence du comte, parti aux croisades ou sur ses terres de Provence. La ville développe une hégémonie économique sur toute la région, dont ses nombreux moulins sur la Garonne, véritables sociétés par actions, sont la preuve.
Les guerres méridionales puis la croisade albigeoise causent la chute du pouvoir comtal au XIIIe siècle. Toulouse y gagne un système de fortifications, complément du rempart romain, jamais mis en défaut (sites de la Cité judiciaire, du Métro Palais de justice, duMétro François-Verdier, des Allées Paul-Feuga, Allées Jules-Guesde,de l’Ecole d’économie). À la fin du Moyen Âge, ces fortifications seront étendues et entretenues (sites de la Place Arnaud-Bernard et de l’École d’économie).
Le XIIIe siècle marque aussi l’arrivée des ordres religieux mendiants et autres institutions charitables (hôpitaux et léproseries) aux dépends des ordres militaires anciens, templiers et hospitaliers (site de l’Hôtel Saint-Jean ). La création de l’Université en 1229 provoque l’établissement de nombreux collèges (sites du Musée Saint-Raymond, de Saint-Pierre-des-Cuisines) dans le bourg Saint-Sernin. La réunion de la cité et du bourg, la structuration définitive des zones funéraires entourées de murailles d’enfeus et le début de la spécialisation des quartiers fixent pour longtemps les grandes lignes de l’urbanisation.
La ville royale, XIVe-XVe siècles
L’intégration du comté de Toulouse en tant que sénéchaussée au sein du royaume français fait de la ville un enjeu stratégique. Philippe III et Philippe IV utilisent désormais Toulouse comme centre opérationnel de leur politique militaire et administrative. Le château est agrandi et progressivement transformé en Parlement (site de la Cité judiciaire).
La ville connaît une croissance urbaine rapide, souvent sous la forme de lotissements (sites du Muséum d'Histoire naturelle, de l’École d’économie), mais aussi par une densification du bâti et du réseau des rues (sites de l’Hôpital Larrey,de l’Hôtel Assézat/rue Clémence-Isaure). Les sites fouillés témoignent des transformations qu’induit cette apogée urbaine : incendies, gestion des ordures, aménagements pour l’approvisionnement en eau.
- Rue de la bastide périurbaine de Prinhac, fin XIVe / début XVe s. Ce type de rue neuve en galets de...Rue de la bastide périurbaine de Prinhac, fin XIVe / début XVe s. Ce type de rue neuve en galets de rivière se retrouve dans tous les nouveaux lotissements du XIVe siècle. Extension du Muséum d'histoire naturelle, Toulouse (Haute-Garonne), 2002-2003© Jérôme Briand, Inrap
- Alignement de caveaux formant le mur du cimetière Saint-Michel, XIIIe- XIVe siècles.Alignement de caveaux formant le mur du cimetière Saint-Michel, XIIIe- XIVe siècles. La...Alignement de caveaux formant le mur du cimetière Saint-Michel, XIIIe- XIVe siècles. La délimitation des cimetières par une muraille d’enfeux et de caveaux est remarquable à Toulouse dès la fin du XIIe siècle.Métro Palais de justice, Toulouse (Haute-Garonne), 2002.© Didier Paya, Inrap
Un Moyen Âge dynamique
Contrairement à certaines idées reçues, le Moyen Âge est une période d’évolutions permanentes et de fortes dynamiques économiques et sociales. L’exemple toulousain n’échappe pas à ce constat. L’archéologie permet de percevoir des évolutions majeures dans l’architecture civile ou religieuse (sites de la Cité judiciaire, du Lycée Ozenne, du Muséum d'Histoire naturelle et de Saint-Pierre-des-Cuisines), dans la technologie des objets domestiques (sites du Muséum d'Histoire naturelle, de l’École d’économie), ou dans l’alimentation carnée (sites du Lycée Ozenne, de l’HôtelAssézat/rue Clémence-Isaure)… L’évolution des mentalités religieuses est également perceptible grâce aux fouilles des cimetières (sites de la Place Saint-Etienne, de la Cité judiciaire, du Métro-Palais de justice, de l’Hôtel Saint-Jean et de Saint-Pierre-des-Cuisines).
En effet, les pratiques funéraires observées témoignent non pas d’un immobilisme dogmatique, mais au contraire d’une adaptation continue aux croyances religieuses.
Le dynamisme urbain, presque constant durant tout le Moyen Âge, s’essouffle pourtant à la fin du XVe siècle. La succession d’inondations et d’incendies d’ampleur, les récurrences de peste et de difficultés économiques provoquent un recul de population et l’abandon de certains faubourgs.
Jean Catalo
Jean Catalo