Synthèse par périodes

Antiquité et Wisigoths

La conquête du Toulousain par la République romaine en 106 avant notre ère ne semble pas avoir provoqué immédiatement de changement majeur sur l’occupation du sol ni dans le mode de vie des habitants, que ce soit dans l’oppidum ou dans la campagne environnante. 
Une évolution se fait jour cependant à partir des années 50 avant notre ère : la ville (Vieille-Toulouse) connaît un nouveau développement qui va de pair avec une romanisation des modes de vie ; et le même phénomène s’observe dans la campagne. C’est donc sur un fond de grand dynamisme économique et culturel que s’inscrit l’événement majeur que l’on situe autour de « l’an 0 » : la création d’une ville entièrement nouvelle, à l’emplacement de l’hypercentre actuel de Toulouse. Cette ville est rapidement (en quelques dizaines d’années) dotée de tous les équipements qui font le confort et le prestige des « villes nouvelles » : un réseau de rues orthonormées couplé à un système d’égouts, un aqueduc, une immense enceinte, un forum et son temple, un théâtre, probablement un monument des eaux…

Le projet urbain frappe par son ambition. Dans les faubourgs de la ville, notamment le long des voies, se développent des nécropoles parsemées de mausolées ; au-delà, on trouve un dense réseau d’exploitations rurales au sein d’un parcellaire qui couvre toutes les zones de plaine. En pleine campagne, on édifie des équipements de loisirs (amphithéâtre, thermes) à destination des populations locales. L’archéologie montre que le Toulousain connaît, dans le courant du Ier siècle de notre ère, une phase de développement remarquable : une ville flambant neuve de plus de 90 hectares abritant plusieurs dizaines de milliers d’habitants, une campagne soigneusement aménagée et densément peuplée…

Les découvertes archéologiques en Toulousain des IIe et IIIe siècles attestent d’une stabilité et d’une permanence de la vie urbaine comme de l’occupation du terroir. Au siècle suivant, marqué par l’adoption du christianisme par la famille impériale, la parure monumentale de la ville évolue : le temple du forum est abandonné, une église épiscopale voit le jour, ainsi qu’un monument abritant le corps de Saturninus, saint Sernin. Dans les campagnes, l’occupation de la plupart des domaines ruraux se perpétue. Comme ailleurs, le IVe siècle offre une image contrastée : certains équipements datant du Ier siècle sont abandonnés, ainsi que quelques exploitations rurales, mais de nouveaux monuments urbains et quelques riches résidences voient le jour.

L’arrivée des Wisigoths en 413, qui font rapidement de Toulouse leur capitale, provoque une évolution du tissu urbain, avec la création d’un complexe dédié à l’administration du nouveau royaume : le palais. Les découvertes archéologiques effectuées à l’intérieur des murs de Toulouse montrent une exceptionnelle vitalité économique, mais aussi, en certains points, un début de désorganisation de l’habitat. 

Quelques rares sépultures et de menus objets retrouvés un peu partout dans la ville dans les niveaux du Ve siècle peuvent être attribués aux Wisigoths. La vie dans les campagnes alentour ne montre pas de changement notable au regard des siècles précédents ; de nouveaux champs d’inhumation voient le jour, qui paraissent receler les dépouilles de communautés mixtes, Romains et Goths. Une rupture radicale se produit en revanche en 507-508, à l’occasion de la conquête franque. La ville est en partie détruite et les traces de présence humaine dans les campagnes se font plus rares.

Jean-Luc Boudartchouk