Plan général des vestiges.
© C. Font, Inrap
© C. Font, Inrap
Description
La fouille fait suite à un diagnostic réalisé au printemps-été 2009, sur une portion du tracé linéaire de 11 km de long pour une largeur moyenne de 100 m, soit une surface d'investigation de 116 hectares. Le tracé du canal recoupe à cet endroit les territoires communaux de Biaches, Barleux, éterpigny, Villers-Carbonnel, Saint-Christ-Briost et Cizancourt.Résultats
L'établissement rural antique de Saint-Christ-BriostL'origine gauloise du site
Vers la fin du Ier siècle avant notre ère, des hommes appartenant à la tribu des Viromanduens créent une implantation agricole délimitée par des fossés. L'enclos principal s'organise à partir de fossés doubles, formant un corridor sur les grands côtés et une entrée en « touche de Palmer » (tirant son nom d'un instrument de mesure) caractéristique des enclos gaulois de Picardie. L'espace interne est divisé en îlots où se développent de nombreuses zones d'activités agricoles et domestiques. L'habitat du propriétaire semble se situer en limite nord de l'enclos.
Une transformation radicale des lieux durant la période gallo-romaine
Vers le Ier siècle de notre ère, les fossés de la ferme gauloise sont comblés pour permettre une disposition des lieux différente. Un nouvel enclos semble changer radicalement d'orientation. Cette modification ne trouve pour l'heure aucune explication tangible : faut-il voir ici la volonté de s'adapter à une réforme agraire, ou à une réorganisation des activités agricoles et pastorales, voire même à un changement de propriétaire ? La configuration des lieux s'apparente alors à l'installation d'une villa de taille moyenne. La partie résidentielle de cette ferme est peut-être à chercher à l'est, hors de notre champ d'intervention. En revanche, la gestion spatiale, au sein de la pars agricola, montre de nombreuses activités domestiques et artisanales. Elles se traduisent par le développement de bâtiments excavés de type cellier, par des foyers, des fours, des mares et des zones dépotoirs. Ces dernières piègent souvent de la vaisselle brisée, ou encore des objets métalliques réformés. Parmi ce mobilier, on reconnaît des objets de parure originaux, telle une bague en pâte de verre, une figurine en bronze représentant un cheval, ou une attache de cotte de maille serpentiforme décorant les cuirasses des soldats de la République romaine.
Claire Barbet et Gilles Prilaux (Inrap)