Des éléments lapidaires antiques

À Eckartswiller, sur le site de la Rothlach, les archéologues ont mis au jour trois éléments lapidaires (en pierre) qui témoignent d’un culte à Mercure, dieu protecteur des voyageurs et des marchands, particulièrement honoré dans la Gaule devenue romaine.
Deux éléments proviennent d’une stèle : une tête ovale sculptée en ronde-bosse et un buste en bas-relief représentant Mercure, conservé des épaules au bassin. La divinité est reconnaissable à ses attributs caractéristiques : le caducée (bâton sur lequel s’enroulent deux serpents) tenu dans la main droite et la bourse, dans la main gauche. Contrairement aux autres occurrences locales, la figuration ne s’inscrit pas à l’intérieur d’une niche mais est taillée directement sur le bloc.

Une inscription dédicatoire à Mercure, gravée sur un bloc de grès, a également été retrouvée, consacrant un contrat (le votum) passé entre un dédicant et la divinité. L’hypothèse d’un travail de carriers exploitant le grès environnant du hameau antique de la Rothlach est fortement envisagée. Ces témoignages d’archéologie du sacré démontrent l’appropriation de la culture romaine par des habitants de la Gaule.
Dédicace à Mercure gravée sur un bloc de grès (54 x 38 x 20 cm), époque romaine.
La Rothlach, Eckartswiller (Bas-Rhin), 2009.
© PAIR

À Steinbourg, c’est un groupe statuaire représentant Jupiter sous les traits d’un cavalier barbu en costume militaire romain qui a été mis au jour à proximité d’une villa. Tenant les rênes dans sa main gauche, le dieu brandit un foudre de la main droite. Le cheval, représenté cabré, écrase de ses pattes arrière un géant trapu et anguipède, dont le corps prend la forme d’une queue de serpent. L’ensemble a été brisé dans la seconde moitié du IIe siècle de notre ère.  

Quelques fragments indiquent que ce « Cavalier à l’anguipède » était érigé au sommet d’une colonne. C’est sous la dynastie des Antonins (96 – 192) qu’apparaissent dans le centre et dans le nord-est de la Gaule des piliers ou colonnes portant une représentation de Jupiter cavalier. Ces monuments appartenant à l’art provincial sont fortement inspirés des thèmes triomphaux romains. Ils sont souvent érigés dans des sanctuaires collectifs ou dans des lieux de culte familiaux.
Florence Michler