Une statuette de déesse-mère d’époque romaine

À Sarraltroff, les archéologues de l’Inrap ont mis au jour une remarquable statuette en terre cuite datant du Ier-IIIe siècle de notre ère. Produite par les ateliers de l’Allier, elle représente une déesse assise dans un fauteuil à haut dossier en osier tressé, maintenant contre sa poitrine deux nouveau-nés qui boivent chacun à un sein. Sa coiffure est en forme de haut diadème fait de boucles superposées et ses cheveux, séparés à l'arrière par une raie médiane, sont rassemblés en un chignon spiralé. Sa tunique, qui descend jusqu'à terre, est recouverte d'une draperie (peut-être s’agit-il d’un manteau) à col en V très ouvert. Les pieds de la déesse sont écartés et reposent sur un socle rectangulaire.  
Statuette en terre blanche très fine représentant une déesse-mère, époque romaine, Ier-IIIe siècle de notre ère. H. 15,5 cm ; l. 5 cm ; 157,7 g.
Hohlgasse, Sarraltroff (Moselle), 2008.
© Inrap
Ce type de figurine correspond à la représentation d’une déesse-mère. Appelées Matrae, Matres ou Matronae, les déesses-mères sont très populaires et honorées dans toute la Gaule après la conquête romaine (58-51 avant notre ère). Elles symbolisent les divinités féminines de la famille et passent pour les protectrices des enfants, de la maternité (fécondité) et de l'abondance (en tant que déesses nourricières).  

En Lorraine, des statuettes de déesses-mères comparables à celle de Sarraltroff ont été mises au jour sur des sites d'habitats (à Cocheren, à Sarrebourg et à Yutz, en Moselle), dans des petits temples (à Haudiomont, en Meuse, et à Sarrebourg, en Moselle) et une seule dans une nécropole (à Dabo, en Moselle). Ces découvertes sont associées à un contexte de la fin du Ier siècle de notre ère, à des niveaux d'occupation du IIe siècle, voire à des niveaux de la première moitié du IIIe siècle, ce qui traduit alors une production tardive.
Sébastien Viller