Au cours de leurs fouilles de sites gaulois, les archéologues d'Orléans mettent régulièrement au jour des gobelets pansus en terre cuite dont la forme évoque un tonneau en bois. Ce type de vase est caractéristique du val de Loire et du sud de la Beauce, correspondant à la partie méridionale du territoire des Carnutes (la tribu gauloise qui a fondé Orléans-Cenabum).
Le gobelet tonnelet carnute
- Gobelet tonnelet carnute, fin de l’âge du Fer (fin du IIe siècle avant notre ère).Gobelet tonnelet carnute, fin de l’âge du Fer (fin du IIe siècle avant notre ère). Le décor et la...Gobelet tonnelet carnute, fin de l’âge du Fer (fin du IIe siècle avant notre ère).
Le décor et la surface noire satinée de la céramique sont caractéristiques de ce type de production.
Îlot de la Charpenterie, Orléans (Loiret), 1997-1998.
© Myr Muratet, Inrap - Dessin du profil d’un gobelet tonnelet carnute (fin du IIe siècle avant notre ère).Dessin du profil d’un gobelet tonnelet carnute (fin du IIe siècle avant notre ère). Îlot de la Charpenterie,...Dessin du profil d’un gobelet tonnelet carnute (fin du IIe siècle avant notre ère).
Îlot de la Charpenterie, Orléans (Loiret), 1997-1998.
© Sandrine Riquier, Inrap - Carte présentant la répartition des gobelets tonnelets découverts en région Centre.
Carte présentant la répartition des gobelets tonnelets découverts en région Centre. On constate une...Carte présentant la répartition des gobelets tonnelets découverts en région Centre.
On constate une concentration dans le sud du territoire carnute et le long de la Loire.
© Sandrine Riquier, Inrap
Une forme spécifique
Le vase se présente sous la forme d'un gobelet pansu à profil symétrique, dont l'ornementation de la panse, par des baguettes régulièrement espacées, évoque les tonneaux en bois. Sa lèvre est un épaississement interne et son pied présente une double mouluration.
Il est généralement tourné en céramique commune enfumée, avec une surface soigneusement lustrée, ce qui lui confère une teinte noire et un bel aspect satiné à brillant. La surface interne est souvent poissée (enduite de poix, pour la rendre étanche). Quelques exemplaires présentent une teinte brune et un revêtement micacé (pailleté et brillant comme du mica), d'autres, un revêtement rouge sombre.
Ce type de gobelet existe dans tous les gabarits : du petit vase individuel d'environ un quart de litre au véritable petit tonneau d'une capacité d'environ 12 litres.
À la mode pendant un siècle
La production du gobelet tonnelet carnute débute au milieu du IIe siècle avant notre ère et connaît un grand succès : jusqu'à 9 % des vases découverts à Orléans appartiennent, en effet, à cette forme. Son centre de diffusion se situe certainement dans les environs immédiats d'Orléans.
Avec sa variante plus trapue de type bol, le gobelet tonnelet constitue un service prisé dans le val de Loire et dans le sud de la Beauce jusqu'à la fin du Ier siècle avant notre ère. À Cenabum même, il est en revanche abandonné dès le début du Ier siècle avant notre ère, au profit des gobelets et des coupes de tradition méditerranéenne.
Chic ailleurs aussi
Les tribus gauloises voisines des Carnutes apprécient elles aussi le gobelet tonnelet. Des exemplaires ont été découverts sur des sites d'habitat aisé chez les Bituriges (à Levroux, dans l'Indre, et à Châteaumeillant, dans le Cher), chez les Andes (sur le site des Pichelots aux Alleuds, dans le Maine-et-Loire) ou encore chez les Coriosolites (à Paule, dans les Côtes-d’Armor). Des gobelets tonnelets carnutes ont été déposés en offrandes dans des tombes de guerriers, sur les nécropoles de La Remise, à Pîtres (dans l'Eure), et de Saint-Saviours, sur l'île de Guernesey.
Sandrine Riquier