Synthèse par périodes

L’Antiquité tardive

(L’Antiquité tardive s’étend de la fin du IIIe siècle au début du VIe siècle.)
Le dernier tiers du IIIe siècle est assez mouvementé dans la cité des Riédons. La « crise » politique, économique et sociale qui déstabilise profondément le monde romain touche également l’Armorique. La région prête d’ailleurs allégeance aux usurpateurs, « les empereurs gaulois », qui ont pris le pouvoir en Germanie depuis 260. Rome et l’empereur officiel ne contrôlent plus qu’une partie de l’Empire. Des épisodes de famines et d’épidémies engendrent des troubles, les bagaudes (soulèvements de populations ruinées, de déserteurs et de brigands), qui s’ajoutent à des vagues d’invasions barbares. L’enfouissement de trésors pourrait être une conséquence de ce climat d’insécurité ; nombre d’entre eux, non récupérés par leur propriétaire, ne seront retrouvés que bien des siècles plus tard. À Rennes, on en dénombre au moins trois : celui du « Chapitre de Rennes », celui de la Préfecture ainsi qu’un autre de moindre importance découvert au XIXe siècle dans un puits près de la rue de Robien.

À Condate, appelée Civitas Riedonum (la ville ou cité des Riédons) depuis le milieu du IIIe siècle, de nombreux bâtiments privés, mais aussi publics, sont désaffectés et démantelés et certains quartiers désertés. Les fouilles permettent de percevoir ces abandons, illustrés par le remblaiement de nombreux puits à eau, l’arrêt de l’entretien de certaines chaussées, dont les fossés bordiers sont colmatés, ou le démantèlement partiel de certains bâtiments qui présentent des traces de réoccupations fugaces.

Malgré une reprise en main par Rome et la soumission de « l’empire des Gaules » par l’empereur Aurélien en 274, la période florissante de la Pax Romana ne renaîtra pas. La topographie urbaine du chef-lieu des Riédons est bouleversée car, en dehors de la zone du castrum qui est fortifiée, seuls quelques îlots continuent à prospérer jusqu’au milieu du IVe siècle. Le reste n’est probablement qu’un champ de ruines, de terrains remis en culture et de constructions occupées de façon plus ou moins précaire.
C’est sans doute de cette époque que date d’apparition du christianisme, illustrée par le développement de vastes nécropoles à inhumations. Deux succèdent à celles du Haut-Empire et se développent en périphérie de l’espace anciennement urbanisé ainsi que dans les anciens îlots d’habitat. Deux autres s’installent sans doute un peu plus tardivement aux sorties du castrum. Parallèlement on rencontre çà et là des tombes isolées dans les secteurs abandonnés.

Si les témoignages archéologiques concernant cette période sont assez peu nombreux, les sources écrites ne le sont guère davantage. On connaît toutefois quelques-uns des premiers évêques de la cité, notamment grâce à des listes de participants à différents conciles. Le premier mentionné serait un certain Modéran, qui siégea vers 358. Parmi ses successeurs quelques noms nous sont parvenus : saint Just, vers 388 ; Febediolus Ier, de 394 à 439 ; Athemius de 461 à 465 ; enfin les deux célèbres saint Amand, de 465 à 505, et saint Melaine, de 505 à 530.

La Notitia Dignitatum (document administratif romain plusieurs fois remanié donnant un tableau, sous forme de listes, de l'organisation hiérarchique des fonctions civiles et militaires de l'empire romain) indique qu’au IVe siècle, un corps de lètes francs aux ordres d’un préfet était stationné chez les Riédons. C'est sans doute à l'intérieur de la citadelle de Rennes que se trouvait le palais de ce haut fonctionnaire impérial. Cependant aucun témoignage archéologique de sa présence ou de celle de ses troupes, n'a pour l'instant été retrouvé.

La Notitia Galliarum ou Notitia provinciarum et civitatum Galliae (« Notice des Gaules », aussi appelée « Registre des provinces et cités de la Gaule », une liste compilée à la fin du IVe et au début du Ve siècle des dix-sept provinces de la Gaule, nommant notamment cent quinze cités la composant) l’intègre dans les cités constituant la province de Lyonnaise troisième.