Planches du XIXe siècle présentant l'une des amphores, une céramique à trois anses et un vase en verre découverts en 1881. L'amphore contenait une partie de l'argenterie ainsi que 6 000 des 16 000 monnaies composant le trésor. Seules 4 149 de ces monnaies sont aujourd'hui conservées au musée de Bretagne.
Parc du Thabor et ancienne préfecture, Rennes (Ille-et-Vilaine), 1881 et 2017.
© Lucien Decombe
Parc du Thabor et ancienne préfecture, Rennes (Ille-et-Vilaine), 1881 et 2017.
© Lucien Decombe
Description
Le « Trésor de la préfecture » a été découvert à la fin de l'été 1881 près de l'entrée de l'actuel parc du Thabor et de l'église Saint-Melaine, à l'occasion de travaux de terrassement menés dans la partie nord-est du jardin de l'ancienne préfecture avant la construction du dépôt des Archives départementales. Les ouvriers mirent au jour divers ossements humains et animaux, restes de sarcophages, ainsi qu'une vingtaine d'urnes funéraires. Deux amphores contenant 16 000 monnaies, des bijoux et de l'argenterie furent également exhumées à proximité.Résultats
Les descriptions peu précises relatant la mise au jour du trésor, ne permettent pas d'en saisir le contexte exact. Toutefois Lucien Decombe, qui dirigeait alors le musée archéologique, suivit l'affaire d'assez près et sollicita le préfet afin de récupérer l'ensemble des objets et de les intégrer aux collections publiques. C'est donc grâce à lui qu'il est possible aujourd'hui à la fois d'en comprendre la nature et d'entrevoir l'occupation du quartier depuis le début de l'époque romaine.Une ou des nécropoles ?
La présence d'urnes funéraires montre que cet emplacement était occupé au Haut-Empire par une nécropole à incinération, qui continua d'être utilisée pendant l'Antiquité tardive, voire même peut-être jusqu'à l'époque moderne. Son étendue exacte est malheureusement inconnue, car les observations consignées en 1881 tout comme les mentions plus anciennes ne donnent aucune indication à ce sujet.
Un diagnostic réalisé début 2017 suite à des travaux de terrassements dans l'entrée du parc du Thabor a montré la présence de nombreuses sépultures à inhumation jusqu'en bordure de l'actuelle église Saint-Melaine. Celles-ci n'ont pas, jusqu'à présent, été datées. Un reste de sépulture à incinération permettant de supposer que la nécropole du Haut-Empire s'étendait jusque-là a également été retrouvé au cours de ce même diagnostic.
Une villa disparue
La première impression qui découle de la lecture de la notice que Lucien Decombe publia en 1882 est que les deux amphores découvertes avaient été enfouies au sein même de la nécropole. Cependant, seuls des sarcophages de calcaire sont mentionnés aux environs du lieu de leur découverte. Or la composition du « trésor » (en particulier les monnaies) suggère qu'il a été enterré, comme bon nombre d'autres trouvailles du même type, à la fin du IIIe siècle, sans doute sous le règne de l'empereur Probus (276-282), tandis que les sarcophages paraissent dater au plus tôt de l'Antiquité tardive, voire du très haut Moyen Âge. D'autre part, le monde des morts n'est pas un lieu où les vivants avaient pour habitude de cacher leurs biens.
Compte tenu de l'étendue de la zone fouillée (plusieurs centaines de mètres carrés), rien n'autorise donc à rattacher cet enfouissement à la nécropole. Il paraît plus vraisemblable de le relier à l'existence d'une demeure suburbaine dont les traces n'ont pas été détectées. Après son abandon, son emprise aurait été envahie par les tombes comme cela a été le cas le cas sur le parc des Tanneurs, qui fait partie de la zone funéraire septentrionale associée à l'église Saint-Martin.
Située en limite de la ville, la nécropole orientale s'étendait probablement en bordure d'une importante voie nord-sud qui dut perdurer au fil du temps, puisque c'est le long de cette dernière que les deux abbayes Saint-Melaine et Saint-Georges furent ensuite édifiées.