Entrée supérieure du souterrain, systèmes de fermeture au bas de l'escalier.
Deux portes successives fermées par un épar horizontal condamnaient l'accès de la galerie. Dans l'axe de l'escalier, deux conduits horizontaux convergents d'une dizaine de centimètres de diamètre aboutissaient dans une salle. Ils permettaient la surveillance, la communication avec la galerie d'accès et sa défense en avant de la seconde porte.
Larouquette, Flourens (Haute-Garonne), 2004.
© Olivier Dayrens, Inrap.
Description
Des silos médiévaux et un souterrain aménagéLe site de Larouquette, localisé sur la pente d'un coteau, domine l'extrémité sud du lac artificiel de Flourens. La fouille, qui s'est étendue sur une superficie de 1 649 m², a permis de fouiller trois ensembles de silos d'époque médiévale, mais la structure principale est un souterrain aménagé. Cet ouvrage avait fait l'objet de premières investigations de la part de l'abbé Baccrabère dans les années 1980. Quatre salles reliées par 70 m de galeries ont été reconnues ainsi que de nombreux aménagements internes.
Résultats
Les silos médiévauxLes trois ensembles de silos ont été fouillés en totalité, soit 25 structures. Deux de ces trois groupes sont placés à proximité des entrées du souterrain. Ces fosses au profil piriforme ont un diamètre maximal compris entre 1,20 et 1,60 m pour une profondeur sensiblement équivalente. Le remplissage a livré un mobilier céramique homogène daté du XIIIe siècle.
Cette structure allongée d'est en ouest possède deux entrées situées à des altitudes différentes. La partie haute, à l'ouest, montre des galeries courtes formant des angles presque droits entre elles, tandis que la partie basse, à l'est, s'articule autour d'une longue galerie rectiligne. À chaque entrée correspond une progression du creusement : vers l'est depuis la partie haute, vers l'ouest depuis l'accès inférieur ; celui-ci effectue la jonction avec la partie haute, au pied de l'escalier, de la salle centrale.
Les accès
On pénétrait dans le souterrain par deux escaliers au bas desquels on trouvait des portes. Leur approche était défendue par des conduits horizontaux provenant de salles disposées à cet effet.Les salles et galeries. Dans les parties les mieux conservées, les galeries mesuraient environ 0,80 m de largeur pour près de 2 m de hauteur. Elles desservaient des salles hautes de plafond à l'exception d'une, située à l'est du carrefour central, de dimensions plus modestes. Le sol présente des seuils, des surcreusements et des pentes calculées : il est aménagé pour gérer les infiltrations d'eau et maintenir les salles au sec ; la galerie centrale sert au drainage. Les points bas des galeries se situent dans les tronçons placés derrière les portes, ce qui gêne la progression et donne le temps aux occupants de bloquer le passage.
La datation du souterrain
De nombreuses structures similaires datées au plus tôt du XIIIe siècle ont été fouillées dans la région dans le passé, en particulier dans le Tarn. Aucune datation directe n'a pu être faite à Flourens, les rares témoins retrouvés provenant de soutirages. Cependant, nous avons pu mettre en évidence l'utilisation exclusive de la canne de Toulouse comme unité de mesure pour le creusement, or celle-ci n'apparaîtrait pas avant le XVe siècle dans la région. La poudre semble aussi avoir été utilisée pour faire sauter un banc rocheux et les longues galeries convergentes nous paraissent bien difficiles à réaliser sans boussole, puisque nous n'avons presque pas d'angle droit. Ces conditions ne sont réunies qu'à la fin de la guerre de Cent Ans (en 1453).
Fonction
Les deux types de structure ont pour fonction le stockage de denrées agricoles, avec, dans le cas du souterrain, l'association d'un gardiennage de celles-ci.