
Plan d'ensemble des structures archéologiques.
La Ville, ZAC Monges, Cornebarrieu (Haute-Garonne), 2006-2007.
© Fabien Callède, Axel Daussy, Olivier Onézime, Frédéric Veyssière et Catherine Viers, Inrap.
Description
Des thermes tardo-républicain et une villa du Haut-EmpireLe lieu-dit La Ville, à Cornebarrieu, se situe sur la basse terrasse en rive gauche de l'Aussonnelle, petit tributaire de la Garonne, au nord-ouest de Toulouse. Les fouilles archéologiques y ont mis au jour un ensemble balnéaire, indice d'une romanisation précoce aux environs du milieu du Ier siècle avant notre ère, ainsi qu'un établissement agricole rural du Ier siècle de notre ère. Ces découvertes permettent de poser des jalons supplémentaires sur l'occupation antique de la vallée de la Garonne au nord de Toulouse, non loin de la voie antique Tolosa (Toulouse, Haute-Garonne) – Lactora (Lectoure, Gers).
Résultats
Un balnéaire en bois et en briqueLe petit édifice thermal, de plan carré, reposait sur une ossature de poteaux en bois, les parois étant à pans de bois et remplissage de terre et associées à des soles de bois posées à plat sur un terrain simplement nivelé. En complément de cette structure et indépendamment de celle-ci, la brique a été utilisée pour la construction du praefurnium (pièce abritant le four) et de la baignoire. Les sols des deux pièces, l'apodyterium (vestiaires) et le caldarium (pièce chaude), en opus signinum (revêtement imperméable en mortier de tuileaux) sont ornés d'un décor de tesselles. Le caldarium était doté d'un labrum (un bassin plat) dont il ne subsiste que la trace circulaire du scellement, et d'une évacuation des eaux aménagée avec un col d'amphore dans le béton de tuileau. L'accès au balnéaire se faisait par l'apodyterium muni d'une banquette. Ce baléaire tardo-républicain constituait un équipement de prestige de la partie résidentielle d'une villa totalement disparue située en dehors de l'emprise de fouille.
La partie agricole d'une villa
Le site de La Ville a en outre livré des vestiges de la pars rustica (dédiée à l'exploitation agricole) d'une villa (établissement agricole) du Ier siècle de notre ère. Ces vestiges comptent un chemin empierré de 2 m de large et long de 70 m descendant du coteau vers la rivière ; une clôture, perpendiculaire au chemin, longue de 35 m et constituée de 17 calage de poteaux espacés régulièrement le long d'une ligne droite ; un enclos à animaux domestiques (bovidés et/ou suidés) ; trois bâtiments matérialisés par des soubassements de murs en galets ; deux greniers sur piliers carrés constitués de galets surmontés de briques ; des fosses et des foyers. L'ensemble s'organise au sein d'un réseau orienté Nord 32° Est, à rapprocher du réseau centurié de Toulouse dénommé « réseau B de Toulouse ». Un abondant mobilier céramique est issu des colluvions qui scellent les structurent de la villa.
Commerce de céramiques
Le commerce des produits céramiques du centre producteur de Montans a largement profité, tout en l'amplifiant, de la dynamique importante de l'axe garonnais, actif depuis au moins les premières importations de vin italique. À la suite de celui-ci, c'est le vin de Tarraconaise qui prit le relais, entraînant avec lui quelques amphores de Bétique. La céramique sigillée italique paraît avoir été du voyage, bien qu'en faible quantité, ayant sûrement remplacé dans les cargaisons des marchands italiens ou narbonnais les céramiques campaniennes des deux derniers siècles avant notre ère. Le site de Cornebarrieu livre ainsi un excellent exemple du commerce garonnais sur la longue durée, au moins depuis la fin du IIe siècle avant notre ère jusqu'au début du IIe siècle de notre ère.
Et après
Des vestiges fugaces, fosse et fossé du Bas-Empire, trois inhumations dont une seule appartient au Haut moyen Âge et quelques structures en creux fosses et fossés attribuées aux Xe-XIIe siècles témoignent d'une certaine continuité de l'occupation des lieux.