optimised3

En Batut

Four de tuilier ; vue vers le sud-ouest.Un creusement en forme d'anneau percé de conduits verticaux permettait la circulation de la chaleur ; une chape d'argile, la sole du four, a été rapportée et au-dessus de chaque carneau communiquant avec le creusement, quatre petits orifices disposés en carré dispersait la chaleur dans le laboratoire. Les tuiles ont été disposées verticalement pour la cuisson avant l'achèvement des parois du laboratoire.En Batut, Flourens (Haute-Garonne), 2013.© Christian Salmon, Inrap.
Four de tuilier ; vue vers le sud-ouest.
Un creusement en forme d'anneau percé de conduits verticaux permettait la circulation de la chaleur ; une chape d'argile, la sole du four, a été rapportée et au-dessus de chaque carneau communiquant avec le creusement, quatre petits orifices disposés en carré dispersait la chaleur dans le laboratoire. Les tuiles ont été disposées verticalement pour la cuisson avant l'achèvement des parois du laboratoire.
En Batut, Flourens (Haute-Garonne), 2013.
© Christian Salmon, Inrap.

Description

Le site d'En Batut, localisé sur la pente d'un coteau à une centaine de mètres à l'est de celui de Larouquette, s'étend en contrebas des bâtiments de l'Hourtet. La fouille, conduite sur une superficie de 4 982 m², a livré deux fours, dont un de tuilier bien conservé, plusieurs fossés, un chemin et des ensembles de silos d'époque médiévale à moderne. Deux bâtiments sur poteaux ainsi que deux souterrains ont aussi été reconnus : le premier, dans son intégralité ; le second, en limite d'emprise, était comblé par des effondrements.

Résultats

Plus d'une centaine de silos

Un chemin, figuré sur les compoix* du XVIIe siècle, fait la partition du site entre l'ouest et l'est. La moitié ouest est marquée par des zones de stockage avec près de 120 silos et deux souterrains. Deux périodes principales ont pu être définies : la première, entre le premier quart et la moitié du XIIIe siècle, est représentée par une centaine de silos. Elle a été suivie par le creusement d'un souterrain dégagé en totalité, dont l'abandon a été daté entre le milieu et le troisième quart du XIIIe siècle. Un second ensemble de fosses, situées à proximité du chemin, est d'un type inédit dans la région : les fosses sont en forme de tonneau et marquées à leur base par un fond annulaire, suggérant qu'elles ont été cuvelées. Le matériel qui leur est associé couvre le XVIIe siècle. Plusieurs silos, de forme similaire à ceux du XIIIe siècle mais datés du XVe, ont également été reconnus.
 
*Compoix : Document emblématique du Sud de la France sous l'ancien Régime, le compoix dresse, par communauté, la liste des propriétaires et de leurs possessions immobilières.

Deux bâtiments et deux fours 

La partie est du site est marquée par un parcellaire beaucoup plus morcelé, matérialisé par des fossés. Peu de silos y ont été retrouvés, en revanche, les traces de deux bâtiments sur poteaux ont été mis au jour, ainsi que deux fours. Le plus gros des deux, situé à proximité du chemin, portait les empreintes des tuiles romanes qui y ont été cuites ; il a été daté entre 1290 et 1410.

Les deux souterrains

Un seul des deux souterrains identifiés sur le site a pu être décapé en totalité. Il était entièrement comblé par des sables et des sédiments issus des effondrements de la surface. L'accès débutait par une tranchée qui se continuait par une galerie basse fermée par une porte après un coude à droite. Cette galerie descendante devenait plus haute à hauteur d'une seconde porte et d'un coude sur la gauche ; elle permettait alors de se tenir debout. 

Un conduit horizontal d'une dizaine de centimètres de diamètre, relié à une salle, permettait de défendre l'accès devant cette seconde porte. Une fois franchie, deux salles étaient accessibles : l'une dans l'axe de la galerie, l'autre par un accès latéral conduisant à la salle qui défendait la galerie d'accès.

Ces deux salles étaient de dimensions identiques (6 m x 2,10 m) ; les parois formant une carène inversée, seul l'axe des salles permettait de se tenir debout. Une galerie inachevée a recoupé une arrivée d'eau qui a probablement contraint à un abandon précipité de la structure avant son achèvement. Cet abandon a été daté du troisième quart du XIIIe siècle. Le second souterrain débouchait dans une galerie grâce à un escalier très raide. Il se présentait comme une galerie plongeante entièrement comblée par des effondrements, ce qui a empêché d'en suivre le tracé au-delà d'un second coude vers le sud, qui conduisait hors emprise de la fouille. Aucun élément n'a permis de dater cette structure.

Christian Salmon