Sépultures gauloises

Les tombes mises au jour en 2014 sur le site de Saint-Pastour Nord à Vergèze sont installées au sein de parcelles, probablement en bordure d’un chemin orienté nord/sud. 
Ossements humains brûlés mêlés aux objets personnels du défunt tels qu’ils ont été découverts à l’intérieur du vase ossuaire d’une tombe du milieu du IIIe siècle avant notre ère.
Saint-Pastour Nord, Vergèze (Gard), 2014.
© Inrap
Les plus anciennes sont datées du milieu du IIIe siècle avant notre ère ; elles forment un alignement régulier de structures différentes les unes des autres. Une tombe de la fin du IIe siècle avant notre ère, distante de quelques mètres, est légèrement décalée vers l’ouest.

Les tombes du IIIe siècle avant notre ère

La plus originale des trois tombes alignées à l’est est caractérisée par une fosse au creusement étroit, dans laquelle a été déposée une amphore gréco-italique complète. Celle-ci a probablement été produite en Italie du Sud et contenait du vin à l’origine. L’utilisation d’un détecteur à métaux a permis d’y déceler la présence de plusieurs objets. Quelques esquilles osseuses brûlées ont été découvertes dans une poche charbonneuse et cendreuse au-dessus de l’amphore : l’ensemble pourrait avoir été déposé dans un contenant en matériau périssable.   

La seconde sépulture, située au centre de l’alignement, est matérialisée par une fosse allongée contenant une petite cruche en céramique non tournée : le vase ossuaire. Sa fouille en laboratoire a livré quelques os humains brûlés et des objets personnels du défunt : deux fibules en fer, deux bagues en argent et des fragments d’une chaînette en bronze.   

Le dernier élément qui constitue l’alignement, et qui semble correspondre également à une tombe, est un petit dépôt de charbons et d’esquilles osseuses brûlées interprété comme des résidus de crémation. Comparé aux deux tombes précédentes, ce modeste dépôt pose la question du statut social différent de l’individu incinéré.

La sépulture plus complexe de la fin du IIe siècle avant notre ère

Cent-cinquante ans plus tard, une nouvelle tombe est aménagée. La proximité avec les autres ne paraît pas fortuite et l’on suppose qu’il existe un lien entre ces sépultures.   

La structure particulière de cette tombe gauloise tardive a nécessité une mise en œuvre importante. Tout d’abord on creuse une fosse quadrangulaire, peut-être doublée à l’intérieur par des parois en bois. Au sein de ce « coffre », on dispose une amphore complète, appuyée droite contre la paroi. Une série de dépôts intervenus ensuite illustrent à la fois la symbolique du repas funéraire, le statut de l’individu et peut-être des offrandes destinées à la vie dans l’au-delà.   

L’analyse de l’effondrement des vases et des objets au sein de la sépulture permet d’imaginer que les dépôts étaient installés sur des étagères. Les armes du défunt – une épée repliée, une pointe de lance et un umbo (partie centrale métallique du bouclier) – ainsi que des vases à boire, deux petits coffres en bois et des cruches qui ont été retrouvés devaient reposer sur de tels supports.   

Une fois les derniers objets déposés, la sépulture a probablement été obturée par une couverture de bois sur laquelle reposaient des dalles en pierre. Il est possible d’envisager qu’une signalisation venait compléter ce dispositif, soit sous la forme d’un tas de terre, soit encore par la présence d’éléments verticaux aujourd’hui disparus.

Des défunts privilégiés

Deux tombes au moins parmi cet ensemble témoignent de l’importance du vin dans les cérémonies funéraires à travers les riches banquets et les rites de libation. Elles montrent aussi le statut social particulier des défunts qu’elles ont accueillis. Sans doute s’agissait-il d’individus appartenant à l’élite gauloise, dont le caractère guerrier est manifeste dans la tombe de la fin du IIe siècle avant notre ère.

Pierre Séjalon