Bague en bronze décorée d’un chrisme
Lors d’un diagnostic conduit en 2013 en amont de l’aménagement de la LGV entre Nîmes et Montpellier, au lieu-dit Mas Pébra, au nord de la commune du Cailar, une bague en bronze remarquablement décorée d’un chrisme a été retrouvée dans une tombe de l’Antiquité tardive. Celle-ci est située à environ 500 m au sud-ouest du site de Doulouzargues à Codognan.
Bague de l’Antiquité tardive avec chrisme (largeur : 27,4 mm ; hauteur : 25,7 mm ; diamètre du chaton : 18,7 mm, 19,4 mm ; épaisseur du chaton : 1,4 mm ; section de l’anneau : 2,5 mm). Si ce type de bague est relativement fréquent aux IVe et Ve siècles, la décoration est exceptionnelle.
Pébra, Le Cailar (Gard), 2013.
© Yves Manniez, Inrap.La tombe
La sépulture a été mise au jour dans une tranchée, à 1,50 m au nord-ouest de l’intersection de deux fossés antiques. Aucune autre tombe n’a été repérée alentour et cette inhumation apparaît donc isolée. Un établissement antique a été détecté par prospection au sol (prospection pédestre) à environ 200 m au nord-est.
Il s’agit d’une inhumation primaire, c’est-à-dire que le corps du défunt a été déposé en une seule fois et n’a pas subi de remaniements. Le squelette appartient à un sujet adulte de sexe féminin, reconnaissable à la morphologie de l’os coxal. La défunte portait une bague au niveau de la main gauche.
La bague
L’anneau de la bague est un jonc ovale en bronze, de grand diamètre et de section circulaire. Le chaton, discoïdal et plat, est fixé au jonc au moyen de deux ergots formés chacun de deux petites boules. Il présente une inscription gravée formée d’une croix grecque à laquelle sont suspendus l’alpha et l’oméga (un chrisme). Dans le quartier supérieur gauche, faisant le pendant de la boucle du P, se trouve la lettre N. La base de la croix repose sur une petite éminence en forme de dôme.
Un faisceau d’informations nous amène à supposer que cette bague inscrite est datable de la seconde moitié du VIe siècle. Le mystère demeure quant à la signification de la lettre N. S’agit-il de la première initiale du nom de son propriétaire, la seconde pouvant être un P ou un R signalé par le rhô ?
Le grand diamètre de la bague porte à supposer qu’il s’agit d’une parure masculine. Sa présence dans la tombe d’un sujet de sexe féminin peut s’expliquer si l’on considère qu’elle peut avoir été l’offrande d’un proche.
Gilles Escallon, Yves Manniez