Tête de silène en bronze

Un objet très particulier a été découvert en surface d’un sol d’occupation du site de Fromigue à Lattes. Il s’agit de l’extrémité d’un manche de patère figurant une tête de silène (satyre). 
Tête de silène en bronze vue de face (seconde moitié du Ier siècle avant notre ère).
Fromigue, Lattes (Hérault), 2014.
© Materia Viva, Inrap.
Faite d’un alliage cuivreux contenant une forte proportion de plomb, la tête a été moulée à part, pour être ensuite fixée par brasure à l’extrémité du manche cylindrique. Elle mesure 29 mm de haut, pour 29 mm de large et 26 mm d’épaisseur.   

Le satyre présente un crâne chauve et une masse de cheveux en couronne au-dessus des oreilles ; il a les sourcils froncés et des traits légèrement négroïdes.   

Dans la mythologie grecque Silène était le père adoptif et précepteur de Dionysos (Bacchus). Le mot silène devient ensuite l’appellation générique désignant les satyres vieillissants qui font partie des cortèges bachiques et symbolisent l’ivresse.   

La patère – trulleum en latin, traduit par « bassin portatif large et peu profond » – est un récipient traditionnellement destiné à la toilette. Les exemplaires ornés d’une tête de silène sont d’un type ancien et peu fréquent, produit en Italie, sans doute en Campanie, à la période augustéenne (de 27 avant notre ère à 14 de notre ère) ou un peu avant. Leur vasque arrondie possède un bord épaissi et un fond plat auquel sont rajoutés de petits supports (pieds plats disposés par trois ou quatre sous le fond pour l’isoler de l’humidité) ; le manche tubulaire est orné de pampres (motif de vigne).
Les patères en bronze seront bien diffusées en Gaule dès le Ier siècle de notre ère, mais l’extrémité de leur manche, zoomorphe et non plus anthropomorphe, figurera alors une tête de bélier, de loup ou d’anatidé (oiseau aquatique au bec arrondi et plat).   

La découverte de Fromigue constitue donc un témoignage intéressant sur l’adoption du mode de vie à la romaine par les populations lattoises à la fin du Ier siècle avant notre ère, ainsi que sur le commerce d’objets luxueux entre la province de Narbonnaise et la Campanie.   

Stéphanie Raux