Empreinte végétale néolithique

Plusieurs fragments de terre crue ont été recueillis sur le site néolithique de La Cavalade à Montpellier.
Fragment de plaque en terre dont une face présente des empreintes de végétaux.
La Cavalade, Montpellier (Hérault), 2013.
© Materia Viva, Inrap.
Leur conservation est due au fait qu’ils ont été chauffés ou un peu cuits. L’un d’entre eux porte une empreinte végétale remarquablement bien préservée ; il provient du comblement d’une structure ayant livré du mobilier daté entre 3092 et 2911 avant notre ère (culture de Ferrières).

Quatre couches de terre

Ce fragment se présente sous la forme d’une plaque de terre épaisse de 1,5 à 2,5 cm et composée de quatre couches successives déposées à l’état cru.   

La  première couche a été étendue sur un support végétal irrégulier (paroi, cloison, palissade ou treillage), qui l’a marquée de traces en négatif. Lorsqu’elle a brûlé, elle a conservé ces empreintes. Sa couleur noire, en surface et à cœur, traduit une cuisson réductrice (sans apport d'oxygène).   

La deuxième couche a été disposée sur toute la surface de la première, tout comme la troisième l’a ensuite été sur la deuxième. Leur couleur jaunâtre est due à des conditions oxydantes (avec apport d’oxygène).   

Enfin, un placage de terre orangée de 7 à 8 mm d’épaisseur correspond probablement au revêtement ou à l’enduit qui conférait à la pièce une surface plane régulière.

Les marques du support

Rien ne permet, dans le fragment qui présente les empreintes de végétaux, de déterminer ce qui serait le haut, le bas, la droite ou la gauche. Trois zones cependant se distinguent : deux, de facture très proche, encadrant une zone médiane différente.   

La zone médiane, de largeur irrégulière, montre un bourrelet et des traces de végétaux sans véritable organisation, bien que quelques-unes soient parallèles et que deux ensembles forment un angle voisin de 120 °. Les végétaux en question sont des tiges le plus souvent courbes.   

Les deux zones situées de part et d’autre de ce bourrelet présentent des impressions allongées (ovales ou rectangles), organisées en lignes parallèles dessinant une trame répétitive.   

Ce type d’impression n'apparaît qu'exceptionnellement sur les sites néolithiques du sud de la France. Il doit ici sa conservation au fait que le fragment qui le portait a été chauffé, probablement au cours d’un incendie. Son étude va permettre de mieux connaître les modalités de construction des murs ou des cloisons 3 000 ans avant notre ère, ainsi que les techniques d’application de la terre crue sur des supports végétaux, avec réalisation d'un enduit externe.

Fabien Convertini