Synthèse par thèmes

Des tombes du Néolithique moyen dans le Toulousain

Jusqu’à présent, on ne dénombrait qu’une vingtaine de sépultures chasséennes dans le Toulousain, ce qui est évidemment très peu au regard de la durée de cette période (4500-3500 ans avant notre ère) et des nombreux sites d’habitats recensés. 
Sépulture d’enfant découverte dans un silo à la ZAC Agora (Cugnaux).
De plus, contrairement aux régions limitrophes qui comptent de véritables nécropoles, la quasi-totalité de ces sépultures provient d’aménagements dont la fonction initiale n’est pas funéraire, comme des fossés, des fosses domestiques ou des silos. Tel est le cas sur le site de Villeneuve-Tolosane/Cugnaux où, sur les dix-huit sépultures recensées, sept étaient installées dans des fossés, huit dans des fosses, deux dans des silos et une dans un puits.

Des tombes sous tertre ?

En 2008, pour la première fois, une véritable aire d’inhumation a été mise au jour à Sauzas sur la commune de Blagnac. Cet ensemble, strictement funéraire et totalement dissocié de l’habitat, rassemble six tombes bien distinctes et réparties sur environ 150 m2. Les sépultures les mieux documentées se caractérisent par la présence d’une fosse sépulcrale peu profonde, aménagée à l’aide d’une structure rigide en matériaux périssables (platelage de bois, coffrage...) et recouverte d’un tertre en galets associés probablement à de la terre.

Des inhumations dans la grande tradition du Chasséen méridional

Dans ces tombes, le corps du défunt est toujours orienté selon un axe sud-nord, la tête placée au sud. Il repose systématiquement sur son côté gauche, membres supérieurs et inférieurs fléchis, en un semblant de position fœtale. Cette position est très majoritaire dans le Toulousain et quasi exclusive dans les tombes du Chasséen méridional.
À une notable exception près, ces inhumations sont toutes des sépultures individuelles de sujets adultes. Une tombe comprenait toutefois les restes de deux individus, un adulte masculin et un enfant de un à quatre ans. Le statut de ce jeune enfant soulève certaines interrogations car il semble avoir été déposé en même temps et au même endroit que les objets mobiliers qui accompagnaient le sujet adulte.

Un riche mobilier d’accompagnement

Toutes les sépultures comprennent du mobilier d’accompagnement. La distinction entre le mobilier viatique déposé en offrande, destiné à accompagner le défunt dans l’au-delà, et le mobilier provenant de ses attributs personnels demeure toutefois difficile à établir. La présence de vases en céramique y est systématique. Au nombre de deux à quatre exemplaires par sépulture, ils semblent avoir été placés en position fonctionnelle, comme récipients destinés à recevoir des offrandes alimentaires. Quatre sépultures recelaient également des objets en pierre : lames de hache, tête de massue, armature de flèche, lame et lamelles en silex blond… Les deux lames de hache proviennent de sépultures de sujets masculins où elles étaient probablement déposées emmanchées. La présence d’une tête de massue est assez exceptionnelle et renvoie plus spécifiquement aux pratiques guerrières.

Un autre regard sur les pratiques funéraires

Unique et remarquable à plus d’un titre, cet ensemble renouvelle considérablement les données jusque-là disponibles et la perception que l’on pouvait avoir des sépultures et rites funéraires néolitiques dans le Toulousain. Mais le modèle le mieux documenté jusqu’à présent, celui des sépultures dans des structures excavées en réemploi, n’est pas forcément le plus représentatif des pratiques funéraires des populations du Néolithique moyen.
Fabrice Pons, Muriel Gandelin