Synthèse par thèmes

L’habitat médiéval

L’habitat urbain toulousain d’avant le XIIe siècle est assez méconnu, aussi bien architecturalement qu’archéologiquement. Même les maisons de la fin du Moyen Âge conservées en élévation sont relativement peu nombreuses en comparaison de la superficie de la ville. 
Coupe transversale dans l'un des murs de terre crue séparant deux espaces habités de la bastide périurbaine de Prinhac, fin XIVe-début XVe siècle.
La technique de construction en terre massive (pisé ou bauge) reste difficile à mettre en évidence en contexte archéologique.
Fouille de l'extension du Muséum d'histoire naturelle, Toulouse (Haute-Garonne), 2002-2003.
Mais cette carence n’est peut-être que le résultat d’un manque de suivi des travaux immobiliers. Bien que souvent développée de manière ponctuelle, l’archéologie préventive est une source documentaire primordiale dont les données permettent d’appréhender les aménagements intérieurs et les contextes d’usage des objets, souvent ignorés par la documentation écrite.

De terre et de galets

À Toulouse, la demeure urbaine se définit par son statut fiscal, qui correspond à la taille des bâtiments. La construction à plusieurs étages et à plusieurs corps diversifiés est désignée sous le terme d’« hôtel ». D’origine nobiliaire et adopté par les marchands, ce modèle architectural est construit en brique (sites Hôpital LarreyHôtel Assézat/rue Clémence-Isaure). La brique, d’un format moyen de 40 x 25 cm et de 4 cm d’épaisseur, n’est pas utilisée entière mais le plus souvent fragmentée pour laisser apparaître son côté long en parement de la construction. Le blocage du bâti est comblé par assises avec des galets de rivière. Le liant des assises est simplement constitué de terre, le mortier étant surtout utilisé pour les parties les plus sujettes aux pressions architecturales telles que les encadrements. Les galets de rivière servent fréquemment pour le pavage des caves, des cours ou des rues. 

Plus modeste, la maison ne comporte au mieux qu’un étage et occupe en général le premier tiers d’une étroite parcelle urbaine. Elle est présente dans les lotissements du XIVe siècle (sites Muséum d'Histoire naturelleÉcole d’économie) ou dans les quartiers canoniaux du XVe siècle (site du Lycée Ozenne). Les murs latéraux sont construits en terre crue directement installée sur le substrat naturel, enduits et parfois peints. Les cloisons internes ou d’étages sont bâties en colombage hourdi de torchis (sites Muséum d'Histoire naturelleLycée Ozenne). Les bâtiments de services, utilisant des techniques similaires de construction, portent le nom de « borde » dans les archives écrites.

Les aménagements intérieurs à la fin du Moyen Âge

Les intérieurs des habitations ne sont pas sans confort. Les sols en terre battue, pavés ou planchéiés, sont réguliers et entretenus. Dès le XIIe siècle, les foyers sont aménagés en briques entières posées à plat à l’intérieur d’une pièce (sites Hôpital Larrey, École d’économie). Ils sont progressivement remplacés par des cheminées plus ou moins élaborées (site Lycée Ozenne). 

Les espaces de réserves, caves ou celliers, sont de taille adaptée à l’emprise au sol. Ils remplacent les silos souterrains abandonnés, semble-t-il, dans le courant du XIIIe siècle (site École d’économie). À la fin du XVe siècle, d’autres aménagements domestiques, puits ou puisards et latrines, vont s’intégrer à cette architecture civile. Jusque-là, puits et dépotoirs sont situés à l’arrière de la demeure d’habitation ou dans de petites dépendances. L’habitat n’est donc pas indépendant de structures extérieures, parfois partagées (sites Hôpital Larrey, Hôtel Assézat/rue Clémence-IsaureÉcole d’économie). Comprendre le mode de vie médiéval ne se résume donc pas à étudier l’architecture des maisons, mais également tous les espaces du parcellaire qui en forment le contexte général.

Les objets du quotidien

Parmi les objets du quotidien recueillis par l’archéologie, certains ne résistent qu’exceptionnellement à la décomposition ou à la récupération : les tissus, les cuirs, les bois, les métaux précieux. Les dépotoirs, les latrines ou les milieux humides en livrent pourtant quelques exemplaires : semelle de chaussure, pièces de monnaie, objets de toilette… La forte représentation de la poterie et de la vaisselle en céramique ou en verre permet en revanche d’illustrer les usages en cuisine, en matière de stockage des liquides ou de tâches domestiques, et le souci dans la présentation de la table. 

Moins connu, le mobilier domestique métallique, en alliage cuivreux ou en fer, est bien présent dans l’habitat de la fin du Moyen Âge. Il s’agit d’équipement culinaire (chaudron, suspension et crémaillère, tripode et objet de cuisine), mais aussi pour les huisseries (clefs et serrures) ou l’éclairage (lampe caleil, chandelier, trépied et brasero). 

Enfin, la tabletterie en os illustre elle aussi certains aspects du quotidien. Les dés à jouer ou les pions, destinés à des jeux de marelle gravés sur des briques, sont fréquents sur les sites. Des manches de couteau ouvragés, des charnières de livre ou des appliques de coffret attestent un certain niveau de vie.

Jean Catalo