Un moule à tête

Un moule incomplet en terre cuite a été découvert au 13 chemin de la Flambère. Les neuf fragments érodés qui ont été retrouvés étaient dispersés et mêlés à des tessons d’amphores et de céramiques récupérés pour construire une préparation de sol. Cette zone a elle-même été recoupée par l’une des tranchées de fondation du bâtiment tibérien mis au jour à cet endroit (Bâtiment 1).
Le moule sous toutes ses faces. De gauche à droite : vue extérieure de face, vue extérieure de profil, vue intérieure de face, vue intérieure de profil. Matière : argile cuite. Dimensions : longueur 17,3 cm, largeur 11,8 cm, épaisseur 4 cm.
13 chemin de la Flambère, Toulouse (Haute-Garonne), 2007.

Description du moule

D’une longueur de 17,3 cm pour une largeur de 11,8 cm et une épaisseur de 4 cm, l’objet se présente comme une coque d’aspect extérieur assez grossier, qui contraste avec les reliefs soignés de la surface intérieure. Le bord du moule outrepasse le bord du motif pour guider le moulage des tirages. C’est un moule-modèle destiné à la duplication à l’identique d’un motif et qui induit une production en série par estampage. 
Pour faciliter la lecture du moule, une empreinte a été réalisée en argile. Les crêtes résultant des lacunes de jointure entre les différents fragments du moule ont été ébarbées. Le contour du tirage correspond au contour conservé du moule, marli compris, pour avoir une lecture positive complète du moule : ce tirage d’étude ne correspond pas nécessairement au tirage escompté par le modeleur. 

Un motif ambigu

Le motif représente un visage humain, avec un cou souligné d’un ornement perlé. La simplicité de son traitement renvoie à la statuaire gauloise, très stylisée. L’absence de barbe, de moustache et de détail de la chevelure accentuent le caractère asexué de l’ensemble, trait qui distingue l’iconographie gauloise de l’iconographie romaine. À l’inverse, la parure de cou peut difficilement être identifiée à un torque car manquent ici les tampons, extrémités bouletées très caractéristiques des torques gaulois. Il s’agirait alors plutôt d’un collier de perles, motif qui s’écarte complètement du style gaulois mais que l’on trouve représenté sur certaines stèles funéraires féminines gallo-romaines. 

Un motif d’inspiration gauloise pour un objet de tradition italienne ?

Ce fragment de moule, à l’iconographie de tradition gauloise, confirme par sa simple présence l’existence d’un secteur artisanal actif dans le dernier tiers du Ier siècle avant notre ère. La fonction la plus probable de ce moule est la production de figures décoratives de toiture en terre cuite (antéfixes et acrotères). Cette production céramique particulière, peu reconnue et inédite dans la région, traduit indéniablement l’adoption architecturale de toitures méditerranéennes antérieurement au changement d’ère. 

Les fours laténiens inventoriés par Georges Baccrabère sur l’éperon d’Ancely témoignent eux aussi d’une tradition potière bien installée avant la Conquête (IIe-Ier siècle avant J.-C.), qui a peut-être su s’adapter à ces modèles et techniques de productions de tradition italienne, comme les terres cuites architecturales.

Marie-Luce Merleau