Serrures métalliques médiévales
Les pièces d’huisserie (gonds, pentures, paumelles, loquets, moraillons) et de serrurerie (cadenas, serrures, clés) permettent de reconstituer des pans de l’histoire de l'architecture et de l'ameublement. Le contexte d'abandon sur le site de l'extension du Muséum d'histoire naturelle de Toulouse, qui a permis la conservation in situ de certains de ces éléments, en fournit un bon exemple.
Les systèmes de fermeture retrouvés lors de ces fouilles, sur les niveaux d'occupation de l'habitat de la bastide périurbaine de Prinhac (fin du XIVe-milieu du XVe siècle), sont variés : simple loquet, cadenas et serrure. La serrurerie, qui forme un des rares groupes d’objets ferreux finement décorés, représente un lot remarquable tant par sa quantité que par son intérêt pour l’histoire des techniques.
Jérôme Briand (d'après données de Mathieu Linlaud)
Utilisée pour la fermeture des portes et des coffres, elle symbolise la protection de l’aire privée et des biens personnels. Les mécanismes de serrure découverts présentent une cohérence technique particulière : ils utilisent tous un ressort à gorge et un pêne à barbes. Une des serrures possède cependant un ressort plus évolué dans sa forme et dans son montage sur le palâtre.
Au sein de ce groupe, deux grands types de mécanismes sont observables : les mécanismes « traditionnels », utilisant un moraillon à auberon, et les serrures dites « à vertevelle », plus particulièrement destinées à la fermeture des portes. Ces dernières sont ici parmi les occurrences archéologiques les plus précoces répertoriées à ce jour.
- Palâtre de serrure à auberonnière, fin du XIVe-milieu du XVesiècle. Fouille de...© Céline Gargam, Materia Viva et Apave Colomiers (RX) ; dessin : Mathieu Linlaud, LandArc.Palâtre de serrure à auberonnière, fin du XIVe-milieu du XVesiècle.
Fouille de l'extension du Muséum d'histoire naturelle, Toulouse (Haute-Garonne), 2002-2003.
Ce palâtre possède une forme générale rectangulaire proche du carré, pourvue d’une excroissance carrée en légère saillie dans chacun de ses angles et d’une petite excroissance triangulaire au centre de chacun des côtés. Soulignant la bordure échancrée, une décoration est ciselée sur son pourtour. Il s'agit d'une double ligne de petits triangles encadrant un alignement de petits cercles. Le mécanisme fonctionne avec un ressort à gorge et un pêne à barbes. L'entrée de la clé montre un panneton tourmenté avec au moins un de ses flancs rainuré. La clé était réceptionnée par un foncet, non conservé. Le palâtre est cassé au niveau de l'auberonnière. On observe à la radiographie des vestiges de traitement de surface (étamage ?). Matière : fer ; dimensions : 116 x 123 mm. - Serrure complète dite « à vertevelles », fin du XIVe-milieu du XVe...Serrure complète dite « à vertevelles », fin du XIVe-milieu du XVe siècle.Fouille de l'extension du Muséum d'histoire naturelle, Toulouse (Haute-Garonne), 2002-2003.© Mathieu Linlaud, LandArc.Cette serrure est constituée d'un palâtre rectangulaire aux bords concaves et angles effilés, à l'arrière duquel est fixé le mécanisme. Un verrou plat se manipulant par un anneau mobile est intégré au mécanisme et coulisse par l’intermédiaire de deux vertevelles planes à branches. Il se termine par un léger enroulement servant de bouton de tirage. Une forte tige qui prolonge l’attache de fixation de l’anneau s’insère dans un rail découpé dans le palâtre. La course de cette tige dans le rail est bloquée par le pêne lorsque la serrure est fermée. L’ouverture du mécanisme remonte le pêne qui, ainsi, ne bloque plus la course de la tige, donc du verrou. Le palâtre présente quatre perforations dans ses angles pour sa fixation. Une vertevelle à branche est encore solidaire du verrou par les produits de corrosion mais ses branches fragmentaires ne permettent pas de déduire l'épaisseur du bois sur laquelle elle était fixée. Le mécanisme fonctionne avec un pêne à barbes et un ressort à gorge encore en place. Le pêne est maintenu par un picolet au niveau de sa tête et une simple tige au niveau de sa queue, la force du ressort maintenant le tout. La clé est réceptionnée par une douille dont ne subsistent que l’attache et une garde circulaire servant de pertuis rectangulaire. Matière : fer ; dimensions : 163 x 155 mm.