Une tête en marbre

Une tête féminine en marbre blanc au visage fruste, provenant du comblement supérieur d’un puits à eau en contexte fin Ve siècle, pose de très intéressants problèmes techniques et iconographiques relatifs à la sculpture des portraits à la fin de l’antiquité.
Comparaison de têtes féminines en marbre, Ve siècle.
En haut : Chiragan, Martres-Tolosanes (Haute-Garonne), 1826-1830.
En bas : Le Barricou, Beauzelle (Haute-Garonne), 2004-2005
Découverte lors des fouilles du Barricou, à Beauzelle, cette tête à large bandeau de cheveux, très arrondi et gonflé vers l’avant, présente de nombreuses similitudes, dans l’organisation de sa chevelure et le maintien du voile qui la masque, avec une figure découverte dans la villa romaine de Chiragan, à Martres-Tolosanes. Cette dernière est l’une des rares manifestations occidentales d’un art du portrait d’origine orientale, et même assez spécifiquement constantinopolitaine, de l’époque des empereurs Théodose et de son fils Arcadius. 

Ces deux œuvres, chacune dans son registre d’expression, ont été découvertes dans la vallée de la Garonne, en amont et en aval de Toulouse, à l’époque où la ville est appelée à devenir, grâce à la dynastie théodosienne, la capitale du royaume wisigothique. Il est donc permis de se demander si leur contexte culturel n’est pas le même. La tête du Barricou, portrait de la maîtresse d’un domaine agricole, pourrait être un témoignage à ce jour totalement inédit de l’art du portrait à l’époque du royaume wigothique de Toulouse.

Daniel Cazes, Frédéric Veyssière