Des inscriptions lapidaires antiques

En 1868, 1896 et 1968, plusieurs blocs ou fragments de pierres portant des inscriptions latines datant du IIe siècle ont été découverts dans les fondations de la muraille de fortification de l’Antiquité tardive, où ils avaient été réutilisés en trois endroits différents.  

Les inscriptions, au nombre de sept, proviennent de deux séries distinctes. Leurs supports étaient probablement des bases de statues, sur lesquelles étaient mentionnés les noms des grands personnages de la cité qui les avaient offertes à la collectivité : Titus Flavius Postuminus, pour trois d’entre elles et sans doute une quatrième fragmentée, et Lucius Campanius Priscus, pour les trois autres.

Elles se complètent et constituent un ensemble exceptionnel décrivant précisément l’organisation politique et religieuse de la cité des Riédons et de son chef-lieu. Elles contribuent à éclairer l’histoire de la Gaule romaine dans son ensemble en permettant de comprendre comment étaient organisées les cités du Haut-Empire. Il s’agit donc de documents archéologiques remarquables, que les plus grands historiens de l’Antiquité ont étudiés en détail.

On y apprend notamment que Mars Mullo était la divinité protectrice des Riédons. Un sanctuaire, le principal de la cité, lui était dédié. Il était élevé à Condate ou dans ses environs, mais son emplacement exact n’est pas indiqué. Dans ce monument se trouvaient un ou plusieurs temples dédiés à Rome et à la famille impériale, où un culte leur était rendu ainsi qu’à Mars Mullo. Une grande salle du sanctuaire, appelée basilique, était dévolue aux autres dieux importants de la cité. L’un des principaux notables riédons, le prêtre célébrant le culte à l’empereur et à Rome, était également flamine (chargé) de celui de Mars Mullo.

Trois personnages sont cités dans ces inscriptions : d’une part un certain Titus Flavius Postuminus, qui fut premier magistrat de la cité (duumvir), flamine et prêtre du culte de Rome et d’Auguste entre 117 et 138, et d’autre part un dénommé Lucius Campanius Priscus ainsi que son fils Lucius Campanius Virilis, qui vécurent sans doute à une époque assez proche et furent aussi prêtres de Rome et d’Auguste. À la différence de Titus Flavius Postuminus, ils ne semblent pas avoir eu d’autres charges.   

Ces documents épigraphiques témoignent de l’imbrication entre le pouvoir religieux et le pouvoir politique dans les cités romaines, mais également de l’évergétisme, principe selon lequel les notables faisaient profiter la collectivité de leur richesse – cela n’était bien évidemment pas désintéressé, puisque leur popularité en bénéficiait. Ils contiennent de précieuses indications sur l’organisation tant des cultes que des territoires. Ils révèlent en effet l’existence des pagi (l’équivalent de nos actuels cantons) de la cité des Riédons, ce qui s’appliquait probablement à la majeure partie des cités de l’Empire.
Pour en savoir davantage :

Chastagnol 1980 :  CHASTAGNOL (A.), « L’organisation du culte impérial dans la cité à la lumière des inscriptions de Rennes », dans La civilisation des Riedones, Brest, 1980, p. 187-199. (2e supplément à Archéologie en Bretagne).
Chastagnol 1995 : CHASTAGNOL (A.), La Gaule romaine et le droit latin, Lyon, De Boccard, 1995. Van Andringa 2002 : Van Andringa (W.), La Religion en Gaule romaine, Errance, 2002.Pouille 2008 : Pouille (D.), Rennes antique, PUR, 2008, p. 47-50, 350-359.