Fibule en argent de l’Hôtel-Dieu

La présence, sur l’emprise de l’ancien Hôtel-Dieu, d’un espace funéraire en usage durant l’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge avait déjà été perçue à plusieurs reprises (dans les années 1970, en 2001 et en 2006, Résidence du Castel Saint-Martin). Le diagnostic mené fin 2011 rue de la Cochardière l’a confirmée. C’est dans ce contexte qu’a été trouvée une remarquable fibule décorée en argent. Même si elle se trouvait dans les niveaux supérieurs du décapage lors de sa découverte, elle peut de manière quasi certaine être rattachée à une inhumation de femme adulte. Elle se compose d’une plaque en oméga avec un anneau fin sur lequel coulisse un ardillon effilé.
La restauration a révélé une riche décoration gravée ornant le corps, les extrémités, l’anneau et l’ardillon de la fibule. Ce dernier figure la tête d’un oiseau du genre échassier, tandis que, sur le corps, un décor géométrique formé par l’intersection de demi-cercles est disposé symétriquement de part et d’autre d’un motif central représentant un visage cornu.  

L’agencement du décor permet de retrouver les gestes de l’artisan, grâce aux superpositions des tracés et des poinçons utilisés, un de forme triangulaire et un autre en S, qui a servi pour la délimitation des espaces décorés. Un compas a été utilisé pour tracer les demi-cercles et une pointe sèche pour hachurer leurs surfaces communes.

Quelques fibules décorées de ce type sont connues en Angleterre et, dans une moindre mesure, en France. Le style de ce bijou, appelé Quoit Brooch Style et assez répandu au milieu du Ve siècle, permet d’en attribuer la production à un groupe reconnu dans le secteur du Jutland (Danemark) ou de la Scandinavie. Cette découverte traduit l’existence d’échanges commerciaux et culturels avec l’aire anglo-saxonne.