Manche de canif de la rue de Saint-Malo

Une des pièces les plus emblématiques du mobilier rennais est un manche de canif en os sculpté du site du 3-5 rue de Saint-Malo. Ce type d’objet spectaculaire est rare et présente ici la particularité d’avoir été trouvé dans un niveau archéologique daté, ce qui accentue sa valeur historique.
Réalisé à partir d’un os long, ce petit manche sculpté en volume appartient à un couteau à lame articulée (cultellus). Le motif présente un personnage debout correspondant au dieu Pan. Le visage, triangulaire, est pourvu d’un menton pointu et barbu, d’yeux en amande et d’une chevelure incisée avec, au sommet, deux bourrelets plus prononcés, disposés en V, figurant des cornes. Le corps nu est droit, avec les bras repliés dans le dos. Les pattes ont des cuisses recouvertes de fines incisions irrégulières pour évoquer le pelage, impression renforcée par les veines naturelles de l’os.  Elles se terminent par des extrémités plus fines, à sabots bifides. Le petit socle lisse est fendu et perforé pour fixer la lame pliable et accueillir la virole. Une longue incision occupe le milieu du dos pour protéger la lame métallique en position repliée.  

Son lieu de découverte le relie à un atelier de bronzier installé dans une construction du IIe siècle de notre ère. Les opérations archéologiques menées sur le secteur (3-5 rue de Saint-Malo et couvent des Jacobins) indiquent, par les rebuts d’os mis au jour, que des tabletiers étaient installés dans ce quartier à vocation artisanale. Ces artisans de l’os devaient ainsi collaborer avec leurs confrères travaillant le métal (métallurgie du fer et du bronze, orfèvrerie).  

La facture recherchée tout comme la thématique du canif témoignent de l’influence romaine et de l’adoption de nouveaux objets, croyances et modes de vie. Ce manche sculpté, particulièrement ouvragé, se distingue par rapport aux restes du mobilier osseux beaucoup plus simple qui lui est associé (pions de jeu, épingles, éléments de charnière…).