Localisation des sites sur le territoire de Rennes

Anciens établissements Picard / 3-5 rue de Saint-Malo

Localisation du site dans le quadrillage que formaient les rues de la ville antique.  Fouille 3-5 rue de Saint-Malo, Rennes (Ille-et-Vilaine), 1995.  © Arnaud Desfonds, Stéphane Jean, Gaétan Le Cloirec et Dominique Pouille, Inrap ; Thierry Lorho, SRA
Localisation du site dans le quadrillage que formaient les rues de la ville antique.
Fouille 3-5 rue de Saint-Malo, Rennes (Ille-et-Vilaine), 1995.
© Arnaud Desfonds, Stéphane Jean, Gaétan Le Cloirec et Dominique Pouille, Inrap ; Thierry Lorho, SRA

Description

Un projet immobilier a nécessité la fouille préventive d'un terrain de 1 191 m² situé directement au nord du couvent des Jacobins. Les occupations qui se succèdent dans cette zone pendant les quatre premiers siècles de notre ère révèlent un quartier dynamique du centre-ville de Condate. Les modifications urbaines de la fin du IIIe siècle engendrent ensuite le déclin du secteur, qui se retrouvera en périphérie de la zone urbanisée au Moyen Âge. Quelques fossés témoigneront alors d'un espace redevenu semi-rural avant qu'il ne soit intégré dans les jardins de l'établissement dominicains au XVe siècle. Finalement, ce sont les bâtiments d'une importante quincaillerie qui se développeront sur le site entre 1873 et les années 1930.

Résultats

Un axe majeur de l'agglomération antique

À la fin du Ier siècle avant notre ère, un premier niveau de circulation traverse le site du nord au sud. Il est matérialisé par un simple cailloutis installé sur le paléosol mis à nu. Quelques fosses et trous de poteaux indiquent que ce premier espace est progressivement réduit jusqu'à être totalement occupé par des installations privées. Une reprise en main du domaine public a lieu dans les années 40 de notre ère ; une véritable chaussée est alors construite dans l'espace réservé à la circulation publique depuis la fondation de la ville un demi-siècle plus tôt. Large de 8 m, la bande de roulement en graviers de rivière est aménagée sur une solide fondation de schiste. Elle présente de nombreuses recharges, qui témoignent d'un entretien rigoureux pendant toute l'époque romaine. Les caniveaux coffrés de bois qui la bordent sont également refaits régulièrement.

Un quartier de métallurgistes aux Ier et IIe siècles

Au début du Haut-Empire, des bronziers et des orfèvres occupent des constructions aux plans très réguliers et dont les colombages reposent à même le sol. À partir de la fin du Ier siècle, une réfection généralisée du bâti leur permet de s'installer dans des ateliers à l'architecture plus durable, disposant de fondations maçonnées. Une zone de fours placée au nord du site, de nombreux creusets et quelques fragments de moules indiquent que des pièces de vaisselles (cuillères, plats, cruches, etc.) ont notamment été produites ici, ce qui nécessite parfois des activités complémentaires, comme le travail du fer, de l'os et de la corne, également identifiées sur le site.  

Un épanouissement architectural au IIIe siècle


D'imposants bâtiments sont édifiés à l'est de la rue après qu'un incendie ait ravagé le quartier vers la fin du IIe siècle. L'état d'arasement du site et l'exigüité de l'emprise de la fouille empêchent d'identifier la nature des ces ensembles, mais il ne fait aucun doute que la nouvelle occupation diffère totalement de celle du Haut-Empire. La dernière de ces constructions est représentée par deux grands soubassements quadrangulaires qui empiètent sur les bords de la chaussée et ne laissent entre eux qu'un espace de circulation de 4 m de large. Il serait séduisant d'y voir l'empreinte d'un arc commémoratif ou d'une porte monumentale matérialisant une zone particulière de la topographie urbaine de la fin du IIIe siècle.

Des traces d'occupations modestes après l'époque romaine


De petits fossés orientés est-ouest suggèrent qu'un espace rural composé de champs en lanières succède à l'urbanisme antique. Dans la moitié nord du terrain, un creusement plus large, comblé au XIVe siècle, pourrait marquer une limite parcellaire plus forte, abandonnée au moment de la constitution de l'enclos des Jacobins.