Localisation des sites sur le territoire de Rennes

Couvent des Jacobins

Restitution du couvent à la fin du XVIIe siècle. L'aspect que pouvaient avoir les constructions qui apparaissent en blanc reste hypothétique.  © Gaétan Le Cloirec, Inrap
Restitution du couvent à la fin du XVIIe siècle. L'aspect que pouvaient avoir les constructions qui apparaissent en blanc reste hypothétique.
© Gaétan Le Cloirec, Inrap

Description

La transformation du couvent des Jacobins de Rennes en centre des congrès a nécessité une fouille préventive urbaine sans précédent en Bretagne. Les 8 000 m² du sous-sol ont non seulement été explorés pendant un an et demi, mais l'étude complète du bâti a aussi été réalisée en parallèle. Ces recherches ont impliqué des archéologues spécialisés dans de multiples périodes, aidés de professionnels fréquemment sollicités en archéologie urbaine (anthropologue, archiviste, architecte, etc.). Les compétences d'autres collaborateurs, plus inhabituels, ont aussi été sollicitées dans des domaines aussi variés que la géologie, la médecine, la botanique ou la musique.

Résultats

Un carrefour central de Condate

La taille importante de la fouille offrait l'opportunité d'aborder plusieurs îlots d'habitation de Condate dans un quartier ayant connu un fort développement entre le Ier et le IVe siècle de notre ère. Deux des quatre rues qui ont été identifiées se distinguent par une structure solide et un entretien rigoureux. Elles forment un carrefour dont le centre est marqué par un autel ou un monument commémoratif implanté là dès la fondation de la ville puis remplacé par un édifice sur podium au IIIe siècle. Les artisans qui s'installent autour de ce point stratégique de la topographie urbaine occupent des constructions à pans de bois, qui sont régulièrement refaites avant qu'un grand incendie ne bouleverse le quartier vers la fin du IIe siècle.

Les édifices beaucoup plus imposants élevés par la suite dévoilent une modification radicale de l'occupation, qui devient largement résidentielle. L'épanouissement de la ville et la proximité vraisemblable du centre civique expliquent sans doute cette évolution. Le quartier périclite vers la fin du IIIe siècle avant d'être démantelé et de servir comme espace de rejets en périphérie nord du nouveau centre urbain fortifié.

L'étude complète d'un couvent médiéval et moderne
 

Le couvent des Jacobins est un établissement fondé en 1368 par les Dominicains de Dinan, avec le soutien du duc de Bretagne Jean IV. Particulièrement renommé entre le XVe et le XVIIe siècle, il est transformé en magasin militaire après la Révolution, puis racheté par Rennes-Métropole en 2002. Son architecture et son organisation n'étaient connues que de manière très sommaire avant la fouille, car les modifications opérées au XIXe siècle ont effacé l'essentiel de ses caractères religieux. Le piquetage intégral de l'édifice et la mise au jour des sols successifs ont donc permis de retrouver les équipements et les décors qui témoignent des différentes phases de construction et d'aménagements des lieux.  

À son apogée, le couvent se compose d'une église attenante à deux chapelles au sud d'un cloître ne comportant que trois galeries. Celle qui se trouve à l'ouest donne accès à un important réfectoire jouxtant la cuisine. La sacristie, la salle capitulaire et une hôtellerie occupent l'aile orientale, alors que la partie nord abrite des pièces sur caves. Les étages sont réservés aux dortoirs et à la bibliothèque. Les traces de bâtiments annexes (porterie, infirmerie, parloir, préau, etc.), détruits pendant la période militaire, ont été retrouvées dans le reste de l'enclos. L'ensemble, essentiellement construit au XVe siècle, est largement remanié entre 1602 et 1676.    

Une nécropole privilégiée des élites régionales sous l'Ancien Régime
 

Huit cents sépultures ont été étudiées dans les différentes zones d'inhumations identifiées sur le site. Parmi elles, cinq cercueils en plomb et autant de cardiotaphes (petits réceptacles en plomb accueillant uniquement le cœur d'un défunt) apportent des informations précieuses sur certaines pratiques funéraires aristocratiques du XVIIe siècle. L'un des cercueils, extrait quelques mois après la fouille pour des raisons techniques, contenait le corps exceptionnellement bien conservé de Louise de Quengo.