Saint-Michel

Plan de localisation de la fouille.  Saint-Michel, Orléans (Loiret), 1979-1980. © Hervé Herment, Inrap
Plan de localisation de la fouille. 
Saint-Michel, Orléans (Loiret), 1979-1980.
© Hervé Herment, Inrap

Description

Le site a été fouillé en 1979 et en 1980, avant la construction du musée des Beaux-Arts et de l'annexe de la mairie. L'opération portait notamment sur l'ancienne église Saint-Michel, transformée en théâtre au XIXe siècle et qui devait être démolie lors du nouvel aménagement. Les investigations ont permis de comprendre l'évolution de l'église et de son cimetière entre le VIIIe et le XVIIIe siècle, ainsi que l'étude d'une partie du faubourg du XIIIe-XIVe siècle. 

Résultats

L'habitat du Haut-Empire
L'occupation la plus ancienne date de l'époque romaine, sous la forme de vestiges d'une installation thermale, d'un égout et de divers murs. Ces éléments témoignent de l'existence d'édifices confortables dans un quartier d'habitat du Haut-Empire. L'ensemble est comblé au IVe siècle, peut-être à cause de la construction du castrum (rempart antique), localisé à quelques mètres au sud. 

L'église funéraire du haut Moyen Âge 
À partir du VIIIe siècle, cet espace situé au nord et à l'extérieur du castrum est dédié à saint Michel. Son église connaît des emplacements successifs. 
Le premier édifice est un bâtiment rectangulaire de 30 m x 9 m. Il comporte une nef séparée du chœur par un mur de chancel (balustrade en pierre) et est terminé, à l'est, par une abside surmontant une crypte. Celle-ci a vraisemblablement abrité une sépulture particulière, objet de dévotion. 
Dès le VIIIe siècle, la fonction funéraire de l'édifice est attestée par une série d'inhumations installées dans la nef. Quelques sépultures ont également été découvertes au nord de l'église. 
Vers le XIe siècle, un clocher semble avoir été érigé au-dessus du chœur. C'est d'ailleurs à cette époque (en 1002) que l'église est mentionnée pour la première fois dans la documentation écrite. 

L'organisation du cimetière 
Entre le XIe et le XIIIe siècle, l'édifice devient église paroissiale. Les tombes se raréfient dans l'église et un cimetière se développe au nord. Dans le courant du XIIIe siècle, l'accès à la crypte est condamné, les maçonneries de l'église sont renforcées et le sol, carrelé. 
À la fin du XIIIe siècle, une rue s'implante au nord de l'église. Elle dessert un quartier dont trois maisons ont été partiellement fouillées. Ces habitations prennent place sur les derniers niveaux du cimetière ; celui-ci a alors certainement été déplacé à un endroit que la fouille n'a pas permis de localiser. 

Le quartier et la guerre de Cent Ans 
Au début du XVe siècle, des sépultures sont à nouveau aménagées à l'intérieur de l'église. L'ensemble du quartier est remodelé pour assurer une meilleure défense à la ville intra muros. Les maisons sont rasées et la rue, abandonnée. Dans les années 1420, un boulevard militaire (levée de terre armée de pieux de bois pour accueillir des engins de guerre) est construit en avant d'un large fossé creusé au sud de l'église. Celle-ci est rasée en 1428, à l'approche des troupes anglaises. 

L'intégration à la ville 
Après la libération d'Orléans, le site, en ruines, sert de carrière de pierre. Dans les dernières années du XVe siècle, la construction de la dernière enceinte urbaine, quelque 300 m au nord, rend l'ancien rempart caduc. 
Le quartier Saint-Michel est alors intégré à la ville et se retrouve progressivement réinvesti : pavage d'une rue (la « rue Pavée ») en 1506, travaux de reconstruction de l'église à partir de 1534, nivellement du boulevard militaire (qui conduit, sur le site, à la surélévation brutale du sol de 2 m environ). 
La nouvelle organisation du quartier est axée non plus sur l'ancienne rue, mais sur l'église. La construction de l'hôtel Groslot, face à elle, et des extensions de l'hôtel-Dieu, en direction du rempart, inaugure une phase d'extension urbaine florissante. 
L'église se présente désormais sous la forme d'une grande nef rectangulaire munie d'un chevet polygonal presque arrondi. Elle est endommagée pendant les guerres de Religion (1562 et 1567), sans que cela n'affecte le culte ni l'installation des sépultures dans la nef. 

Du culte au spectacle 
L'église est désaffectée après la Révolution et transformée en salle de spectacle. Restauré en 1850, ce théâtre ferme définitivement ses portes en 1974. Seule la façade est conservée dans la construction actuelle.

Pascal Joyeux