Place du Châtelet

Plan de localisation de la fouille.  Place du Châtelet, Orléans (Loiret), 2001.  © Hervé Herment, Inrap
Plan de localisation de la fouille. 
Place du Châtelet, Orléans (Loiret), 2001. 
© Hervé Herment, Inrap

Description

Le secteur avait déjà fait l'objet d'observations en 1882-1885, ainsi qu'en 1972-1975. Ces travaux ont servi de base à une étude documentaire et archivistique en 1999, qui elle-même a permis d'établir les problématiques de la fouille conduite en 2001. Positionné entre le rebord du plateau et la berge primitive de la Loire, le site a livré les vestiges d'occupations denses pour la période gauloise et le Moyen Âge. 

Résultats

Agriculture et artisanat gaulois 
La première occupation du site remonte à l'époque gauloise, peu avant le milieu du IIe siècle avant notre ère. Il s'agit d'une occupation agricole. Vers le milieu de ce même siècle, apparaissent trois ateliers semi-excavés dédiés à des activités de forge, de tissage et peut-être de tannerie ou de teinturerie. L'activité agricole perdure. 
Peu après le milieu du IIe siècle avant notre ère, au moins dix bâtiments s'implantent sur le site, le long d'un chemin orienté nord-ouest/sud-est. Quelques traces de travail du bronze et de tissage témoignent du maintien de l'artisanat, mais celui-ci semble rapidement décliner au profit de l'habitat. 

La ville gauloise 
À la fin du IIe ou au début du Ier siècle avant notre ère, le site s'intègre à la ville gauloise qui se développe alors. La nouvelle orientation est-ouest de la partie sud du site pourrait trahir la mise en place à cette date d'un rempart quelques mètres seulement à l'ouest de la fouille. 
Dans la première moitié du Ier siècle avant notre ère, un chemin est-ouest apparaît dans la partie sud du site, s'inscrivant dans l'axe de l'actuelle rue de la Charpenterie. Il semble rester en usage pendant plusieurs siècles, puisque l'enceinte du Bas-Empire, construite dans le troisième quart du IVe siècle, à une trentaine de mètres à l'ouest du site, est percée d'une porte dans son axe. 

Incendie et relatif abandon 
Vers le milieu du Ier siècle avant notre ère, un important incendie ravage une partie du site, au nord. Rien ne permet de rattacher précisément cet incendie aux événements de la guerre des Gaules, qui se sont déroulés en -52 et -51 à Orléans, car les incendies sont monnaie courante à l'époque. 
Cependant, cet événement met fin à l'occupation du secteur, le site restant quelque temps à l'abandon. Seul un bâtiment, peut-être un atelier d'orfèvre, se construit à l'extrémité nord-ouest. 
Il faut attendre les années -40 à -20, après la conquête romaine, pour voir réapparaître des bâtiments construits en terre et en bois, selon les mêmes techniques qu'à l'époque de l'indépendance.
  
Faible occupation antique
Pour la période comprise entre le début de notre ère et le milieu du IIIe siècle, le site n'a livré presque aucun vestige. 
L'installation d'un puits et de quelques dépotoirs témoigne d'un regain d'occupation vers le milieu du IIIe siècle. Peu de temps après, le terrain est arasé, une esplanade et un mur de terrasse sont installés. Deux petites constructions et trois puits prennent place sur cette esplanade entre le milieu du IVe et le début du Ve siècle. 
  
Quartier deux en un
Les vestiges remontant du VIe au XIe siècle sont un peu plus nombreux, mais ils ne permettent pas de caractériser l'occupation. Un vaste fossé orienté est-ouest, dont la fonction nous échappe, est volontairement comblé entre le VIIIe et le XIe siècle. 
Au nord, la fouille a mis en évidence les fondations de la nef de l'église Saint-Hilaire, édifiée autour de l'an mil. Au sud, une douzaine de bâtiments médiévaux ont été observés. 
Ces éléments confirment la bipolarité du quartier mise en évidence par l'étude documentaire réalisée avant la fouille. Ainsi, au nord, se développe le poumon économique de la ville avec la Grande Poissonnerie fondée en 1168, la Grande Boucherie en 1220 et plusieurs halles et marchés spécialisés (au change, au lin, à la volaille, au cuir…). Au sud, se concentre la puissance politique associée au Châtelet, peut-être créé au IXe siècle. Dans l'emprise de la fouille se trouvent également la Prévôté, attestée depuis 1060, ainsi que la prison, mentionnée en 1360, et l'hôtel de la Recette du Domaine, mentionné en 1458. 
  
Transformations modernes et contemporaines
Confisquée comme Bien National à la Révolution, l'église Saint-Hilaire voit son chevet arasé en 1797 et sa nef transformée en « Halles Neuves » en 1801. 
Dans le cadre d'un vaste projet de réaménagement du quartier, la place du Châtelet est créée par la destruction du bâti médiéval dès 1822, incluant la démolition des « Halles Neuves » en 1884. 
Quatre pavillons formant les « Halles Baltard » sont inaugurés en 1892. Ils sont remplacés en 1975 par un vaste complexe quadrangulaire, les « Halles Châtelet ».

Thierry Massat