Deuxième ligne de tramway, place de Gaulle

Plan de localisation de la fouille.  Place de Gaulle, Orléans (Loiret), 2009-2010.  © Hervé Herment, Inrap
Plan de localisation de la fouille. 
Place de Gaulle, Orléans (Loiret), 2009-2010. 
© Hervé Herment, Inrap

Description

La fouille de la place de Gaulle, d'une surface de 2 755 m2, a permis de mettre en évidence une occupation ininterrompue pendant environ 2 200 ans. L'une des découvertes majeures de l'opération est celle des vestiges de la Porte Renart, intégrée à l'enceinte défensive du XIVe siècle ; elle correspond à un point d'accès et de défense de la ville très important durant la guerre de Cent Ans.

Résultats

Les origines
Les premières véritables traces d'occupation remontent à la fin de la période gauloise. Il s'agit essentiellement d'un habitat localisé au nord-est du site, et de quelques fosses et constructions mal caractérisées (dont deux ateliers de forge) dans la partie centrale. Cette occupation prend place entre le deuxième quart du IIe siècle et le milieu du Ier siècle avant notre ère. 
Par la suite et ce, jusqu'au début de notre ère, le paysage change. Une rue nord-sud est créée à l'est, puis une vaste place est construite, au sud de laquelle s'organise également une rue (l'actuelle rue du Tabour). Plus tard, une rue nord-sud supplémentaire est créée à l'ouest.

Un îlot antique
Vers le milieu du Ier siècle de notre ère, des habitations sont construites dans les îlots délimités par le réseau de rues. L'îlot central est le mieux conservé. On y trouve une domus urbaine typique de l'architecture gallo-romaine : une cour quadrangulaire entourée de colonnes, des conduites d'eau, un probable balnéaire… Ces constructions et les rues qui les bordent perdurent au moins jusqu'au IIIe siècle.

Une transformation
Au Bas-Empire et au début du haut Moyen Âge, les constructions sont abandonnées et, en partie, détruites. Seule l'importante rue nord-ouest – sud-est continue d'exister, son emprise étant néanmoins réduite. Des traces d'activités de récupération de matériaux ont été décelées. 

Le Bourg Dunois
Entre le VIIIe et le XIe siècle, de nombreuses fosses de tailles diverses sont percées. Il s'agit pour l'essentiel de dépotoirs contenant une quantité importante de mobilier céramique ou encore d'ossements d'animaux. Ce mobilier caractérise une population relativement aisée, celle qui vraisemblablement occupe le Bourg Dunois. 
Ce quartier, connu dans les textes depuis le Xe siècle, se développe en effet à l'extérieur de l'enceinte du IVe, vers l'ouest. La rue nord-ouest – sud-est, toujours en activité, doit d'ailleurs jouer un rôle majeur dans le développement du bourg.

L'enceinte médiévale
À partir du XIe siècle, un fossé large de 6,70 m et profond de 2 m est creusé afin d'enclore le Bourg Dunois. Ce système de protection est percé d'au moins une porte au passage de la rue qui perdure depuis l'Antiquité. Il s'agit de la Porte Renart, connue dans les textes depuis le XIIIe siècle. 
Au tournant du XIVe siècle, ce système de protection est remplacé par une véritable enceinte composée d'une courtine et connue sous le nom de « deuxième enceinte » ou « première accrue ». La courtine est immédiatement précédée du fossé de ville large d'au moins 14 m. La première installation permettant de franchir ce fossé n'est pas connue. Quant à la nouvelle Porte Renart, dont le passage est large de 4 m, elle est constituée de deux tours circulaires en façade, prolongées par un corps de bâtiment. 
Le premier fossé du Bourg Dunois coexiste d'abord avec les nouveaux aménagements défensifs et participe à un système de fortification à double fossé. Son franchissement est assuré par un pont en bois, à côté duquel on trouve un petit bâtiment qui devait avoir pour fonction le contrôle du passage de la porte. 
Finalement, entre 1418 et 1422, le plus ancien fossé est comblé tandis qu'un boulevard défensif est aménagé en avant de la Porte Renart. Ce dispositif est constitué d'un large fossé en fer à cheval bordant un terre-plein central probablement taluté et palissadé. Il rejoint sans doute le fossé de ville au sud, tandis qu'un accès bien contrôlé est aménagé au nord. 
Le boulevard est renforcé par la construction d'un mur entre 1447 et 1449. Large de 3,20 m, ce mur est entièrement refait entre 1461 et 1462. 
Le système de franchissement du fossé devant la porte évolue également. Un avant-corps et une culée de pont sont construits, permettant d'accueillir un pont-levis.

Le démantèlement de l'enceinte
Au XVIe siècle, le système défensif du Bourg Dunois est remplacé par une nouvelle enceinte, la ville se réappropriant cet espace. Les maçonneries sont en partie détruites et les fossés, servant de dépotoirs, se comblent progressivement.

Le quartier contemporain
À partir du XVIIe siècle, le quartier est reconstruit : d'importants bâtiments sur caves sont créés et le réseau de voirie mis en place ne subit pas de modification avant le XXe siècle. La Seconde Guerre mondiale met fin à cet ultime ensemble bâti et la reconstruction qui suit engendre la place de Gaulle.

Thomas Guillemard