Plan de localisation de la fouille.
8-10 rue Porte Madeleine, Orléans (Loiret), 2004.
© Hervé Herment, InrapDescription
La rue Porte Madeleine est le prolongement sud de la rue des Carmes, le prolongement nord étant la rue Porte Saint-Jean. D'après les informations recueillies au cours des trois fouilles réalisées dans cette partie ouest du centre ancien d'Orléans, le quartier se situait en périphérie de l'agglomération dans l'Antiquité. Les recherches ont porté sur une surface de 772 m2, mais la partie centrale du site (soit 110 m2) a été détruite par une cave contemporaine.Résultats
Un espace funéraire gaulois
Les plus anciens vestiges du site, antérieurs au milieu du IIe siècle avant notre ère, consistent en des ornières indiquant une circulation dans un milieu ouvert. Dans la seconde moitié du IIe siècle avant notre ère, un fossé, au sud du site, matérialise une limite qui perdure jusqu'au Ier-IIe siècle de notre ère.
Ce fossé délimite en réalité un espace funéraire, sans doute rattaché à l'agglomération gauloise qui se développe à environ 600 m à l'est. La fouille a en effet révélé deux sépultures d'adultes datant de la fin du IIe siècle–début du Ier siècle avant notre ère. Les corps inhumés étaient accompagnés de dépôt de vases.
Contemporaines, ou de peu postérieures aux sépultures, cinq fosses contenant des dépôts d'animaux ont été identifiées. Les deux premières fosses ont chacune livré un squelette de mouton complet ; une troisième, quatre squelettes de même type ; une quatrième ne contenait qu'une patte de mouton, mais son recoupement par une cave contemporaine empêche de savoir si le squelette a été déposé complet ou non. La cinquième fosse, enfin, a révélé les squelettes complets de trois rapaces (des pygargues à tête blanche). Deux mâles encadraient une femelle. Il s'agit probablement de dépôts à caractère rituel, liés à la fonction funéraire de l'espace.
Un quartier périphérique
À la fin du Ier siècle avant notre ère, le site semble changer de vocation avec l'édification d'un premier bâtiment. Plusieurs constructions se succèdent jusqu'à la fin de IIe siècle de notre ère, correspondant à une occupation domestique et/ou artisanale.
Il reste néanmoins difficile de caractériser ce quartier, semble-t-il péri-urbain, durant tout le Haut-Empire.
Ré-urbanisation tardive
Le IIIe siècle marque l'abandon de cet espace au profit de cultures ou de friches. Il faut attendre la fin de la période médiévale pour que le secteur se ré-urbanise. Ce n'est qu'au début du XVIe siècle qu'il se trouve englobé dans l'enceinte urbaine. À partir de là, l'habitat se développe considérablement. Au XXe siècle, des structures artisanales et commerciales (atelier de potier, puis usine et magasin de billards) s'installent dans le quartier.
Pascal Joyeux
Pascal Joyeux