Plan de localisation de la fouille.
18 rue Porte Saint-Jean, Orléans (Loiret), 1999.
Description
La fouille s'est déroulée au n° 18 de la rue Porte Saint-Jean, sur une parcelle assez étroite de 450 m2. Le site est localisé à environ 450 m à l'ouest du castrum (enceinte du IVe siècle de notre ère). La rue Porte Saint-Jean est l'un des deux axes qui prolongent la rue des Carmes, l'autre étant la rue Porte Madeleine. Ces deux axes étaient réputés suivre le tracé de voies antiques. Les fouilles de la rue Porte Saint-Jean ont permis de démentir cette hypothèse : cette rue n'aurait été créée qu'à l'époque médiévale. Ce secteur d'Orléans n'a été intégré à l'intérieur du rempart qu'à la fin du XVe siècle.Résultats
Des sépultures d'enfants au IIe siècle avant notre ère
Les plus anciens vestiges remontent à la période gauloise et consistent en un large fossé est-ouest doublé d'une palissade. Au nord du fossé, la découverte de trous de poteaux suggère l'existence d'un habitat associé à une activité artisanale.
Dans l'angle sud-est du site, trois fosses ont livré des sépultures de très jeunes enfants, qui faisaient peut-être partie d'une nécropole. Le mobilier qui les accompagnait permet de les dater de l'époque gauloise également, entre 180 à 150 avant notre ère.
Dans la première fosse, un enfant de 4 à 13 mois reposait sur le dos, tête au sud. Un vase, retrouvé complet et déposé à côté de son bassin, contenait des ossements d'animaux, constituant certainement des offrandes alimentaires. Une fibule en fer était également présente dans la tombe.
La deuxième fosse abritait un enfant de 9 à 21 mois dans une position identique au précédent. Le mobilier – vase déposé près du bassin et fibule – est lui aussi identique.
La troisième sépulture était celle d'un enfant de 8 ou 9 mois lunaires, enterré peu profondément tête à l'ouest, sans mobilier.
Des tisserands au Ier siècle
La deuxième période mise en évidence, datée du début du Ier siècle de notre ère, correspond au comblement du fossé gaulois et à l'installation d'une voie nord-sud délimitée par deux fossés, ces structures ayant été fréquemment entretenues.
À l'ouest, des murs délimitaient des parcelles à l'intérieur desquelles des fosses rectangulaires ont été aménagées. La fréquence des pesons, aiguilles en os et pierres plates disposées à même le sol dans certains creusements pourrait être l'indice d'un atelier de tisserand. Les excavations auraient permis de faire pendre les pesons assurant la tension des fils, le bâti du métier à tisser se trouvant en surface.
Remontant à la seconde moitié du Ier siècle, le mobilier récolté est important et très peu fragmenté. Il se constitue essentiellement de vases complets, d'ossements, de matériel métallique, de chenets, de verrerie, de fibules et de quelques monnaies.
Un terrain vague gallo-romain
Vers la fin du Ier siècle–début du IIe siècle, la voie est abandonnée et les fossés, remblayés pour laisser place à une cour ou à un terrain vague. Les seules structures reconnues sont des puits, au nombre de cinq. Leur comblement a livré un abondant mobilier, notamment un petit autel en terre blanche (aucun autre exemplaire de ce type n'est connu) et un cachet d'oculiste en schiste verdâtre poli.
Le no man's land du Moyen Âge et les carrières modernes
Toute occupation semble interrompue entre le IIIe siècle et au moins le XVIe siècle. Puis des fosses, des puits à eau et des puits d'accès à des galeries sillonnant le sous-sol ont été aménagés et maintenus jusqu'à nos jours. Ils correspondent à une activité d'extraction du calcaire, ce qui est corroboré par les documents anciens déposés aux Archives Départementales du Loiret ainsi qu'aux Archives Municipales d'Orléans. Ce réseau de galeries a fait l'objet d'un relevé précis au milieu du XXe siècle par les services de la Défense passive.
Sébastien Jesset
Sébastien Jesset